J'ai ressorti mon scanner qui trainait depuis plus de dix ans dans un placard, et l'ai utilisé pour récupérer de vielles photos.
Je n'en ai pas beaucoup, puisque du temps de l'argentique, je n'avais pas une tune, donc pelloche et développements bien trop chers pour moi...
Voici donc mon beau 125 XLR, mon beauf d'alors m'avait aidé à refaire le moteur, le cadre repeint au pinceau avec de la peinture antirouille qui avait presque exactement la même teinte que la peinture Honda, et une housse neuve posée à l'agrafeuse murale...
Et puis un jour, j'ai brossé rayons et moyeux attaqués par le sel des embruns, et ils ont subis le même traitement que le cadre...
Méga style!!

J'arrive à économiser pour passer le permis, mais pas assez pour avoir une moto d'une cylindrée que je qualifierais de "potable"...
Alors je patiente et me dis que si je veux être certain d'apprécier à sa juste valeur une "véritable" moto, il faut que je me casse le cul en me traînant sur ce 125. Je me tape donc Marseille-Bordeaux aller-retour par les départementales et en hiver.
(ce qui deviendra ensuite un de mes grands classique de balade, pour aller voir famille et vieux potes...)
La photo suivante fut prise au retour, du côté de Sète, le sac de voyage sanglé sur la bécane et mis dans un sac poubelle: je me souviens encore avoir fait la course contre la pluie battante jusqu'à Béziers, pluie qui tombait de gros nuages noirs et me qui me rattrappait dès que je me faisais une pause clope ou plein, ou que la route tournicotait trop alors que les nuages, ces salauds, fonçaient tout droit vers l'est en coupant les virages, sans marquer les stops et en grillant les feux rouges...

Et puis un jour, alors que j'accompagnais un collègue (en passager sur sa bécane) chez son concessionnaire aixois, je l'ai vue, je suis tombé amoureux, je l'ai voulue, et j'ai mangé des pâtes au beurre sans beurre pendant 4 mois après l'avoir eue!

Dans les vignes médocaines de Chateau Laffite, au coucher de soleil.

Dans le var, vers Le Luc...
Quelle beauté! (suis-je objectif?)
Et puis aussi quel son!
Mais là vous ne pouvez que me croire!
J'adorais la sonorité de ses pots vides, sans chicanes (bouffées par la rouille), qui lui faisaient une voix rauque, profonde, rageuse; je remontais les files de voitures en ville tel moïse, le flot des caisses s'écartant devant moi, et les piétons de se retourner croyant voir arriver une de ces bêtes rouge à bicylindre en L et pots termognianimitolianini carbone, cherchant derrière mon XLV quel était donc le monstre qui annonçait fièrement et avec autorité son arrivée.
Ce n'était que moi, et les pétarades à la décélération de mon destrier aux larges épaules...
Mon beauf m'avait dit: "S'il pète, c'est qu'il est en pleine santé!"
Qu'est-ce qu'on a pu faire comme virées tout les deux!
Tantôt fidèle compagne de voyage, tantôt copain solide toujours prêt à faire le con...
Tantôt pouliche que je traitais avec affection, tantôt percheron avec qui j'échangeais de grandes tapes viriles...

Quelque part... mais où?

Je l'ai aimée ma RD01, comme j'ai aimé ma RD04, tout comme j'aime ma RD07 actuelle!


