Aucune photo ne sera prise durant cette étape...
Une petite hésitation et un demi-tour plus loin, Gégé nous trouve rapidement l’entrée de la piste
qui nous fait grimper en forêt
La nuit est vraiment noire, seul un petit croissant de lune et quelques étoiles nous éclairent tant bien que mal
Je suis épatée par l’efficacité de mon éclairage et espère que le gibier qui réside par là reste bien dans son coin et ne décide pas de traverser sans prévenir…
Histoire de me contredire, un sanglier traverse juste devant les roues de Gégé !
Apparemment il sort tout seul ce soir, le reste de la famille ne suit pas

Belle grimpette suivie par des passages faciles, certains relativement étroits mais ça va, Demonte, on monte, on connait bien ce coin-là…d’ailleurs qui ne le connait pas ?
Nous sommes assez nombreux sur la route qui doit nous déposer au début de la prochaine piste
"Un peu plus près des étoiles
A l'abri des colères du vent...."

Il fait frais là-haut à près de 2.000m à cette heure-ci
Piste facile, large…c’est un grand cirque de montagne.
Au loin on voit ça et là des phares de motos par petits groupes, tels des étoiles filantes...
Les pistes tournicotant un peu dans tous les sens, il est difficile de savoir s’ils sont devant ou derrière nous, ambiance un peu surréaliste où l’on sait que nous sommes tous entrain de vivre la même et très belle chose
"étoiles des neiges, mon coeur amoureux...."

Après le refuge, retour sur une superbe route viroleuse avec une multitude de tunnels taillés dans la roche (va falloir revenir en plein jour pour faire des photos

Des phares de motos avancent bien plus haut et pourtant proches de nous, ça doit sacrément grimper pour arriver à leur niveau !
Mais d'abord on traverse la cour d'une ferme en se faisant courser par les chiens du paysan mais nous
sommes bien sur les bonnes traces contrairement à ce que pensait Géraud

A maintes reprises, nous constaterons que les divers GPS ne sont pas toujours d'accord...
Ils m'entrainent au bout de la nuit
Les démons de minuit
Ils m'entrainent jusqu'à l'insomnie
Les fantômes de l'ennui
Effectivement, les épingles serrées se suivent et ne se ressemblent pas forcément mais elles sont raides
sur terre une terre meuble…
Un groupe de BMWistes est stoppé, une des leurs refuse de continuer à avancer, panne inconnue

Ils nous demandent de prévenir leurs compagnons de route qui sont plus loin devant
Ce sera chose faite et ils redescendent pour lui porter secours
Plus loin, c’est une crevaison dans un groupe de 7-8 motos, ils sont bien assez nombreux
et déjà bien actifs, nous continuons
Pour avoir fait la descente de cette piste l’an dernier avec Oligo, je sais qu’elle sera cassante à souhait
D'ailleurs Oligo, y avait toujours les chaises au même endroit et toujours pas fait de photos,
va encore falloir y retourner

Arrivée sur place, il me semble que c’est encore pire que l’an passé (un début de fatigue peut-être ?)
à la vue des épais tapis de pierres, j'accélère pour ne pas m'y enfoncer tout en m'accrochant au guidon...
mais je sais aussi, qu’il suffit de serrer les dents un bout de temps parce-qu’après ce sera de la belle piste forestière
Je reconnais l’épingle où nous nous étions arrêtés pour récupérer des forces (là où montaient les Bmwistes allemands l'an dernier) et là je sais que c’en est enfin fini de lutter pour garder la trajectoire
Sur tout le trajet, nous verrons garées ça et là des voitures sur les bords des pistes, des 4x4…des randonneurs qui dorment dans des gîtes plus haut peut-être….parce-que s’ils dorment dans leurs véhicules, c’est raté pour passer une nuit tranquille…désolée messieurs, dames


De retour sur le goudron, il suffirait de bifurquer à gauche et de retrouver à 2-3 kms le CP nr 2 mais question de conscience, interdit de tricher.
Nous suivons scrupuleusement les traces et repartons dans la montagne faire une dernière belle boucle avant d’arriver vers..... oh punaise



Je n'ai pas du tout eu l'impression d'avoir roulé pendant 5h
Pourtant mes bras sont fracassés

je vais pouvoir postuler aux Travaux Publics, je me demande si ça n'est pas plus facile et moins douloureux
de manipuler un marteau-piqueur pneumatique toute la journée !
Pascal nous demande ¾ d’heure pour faire une pause, j’essaie moi aussi de dormir tout en ayant peur de plonger profondément….
Je m’allonge par terre sur les gravillons mais je lutte, je suis bien trop excitée et impossible de débrancher.
Je me relève et vais boire un espresso
…autour de nous, ça ronfle de tous les côtés

Quand l’organisateur voit que je me prépare à repartir il vient me voir et me demande si je suis bien certaine de vouloir continuer, si c’est vraiment raisonnable

Je lui réponds d’oublier ce que je lui ai dit le matin, je suis en pleine forme
Il insiste en précisant que la prochaine étape sera très longue mais pas trop difficile...
Des gros cailloux sur 2-3 kms au début et après ça roule bien
Je ne peux pas lui avouer que ce regain d'énergie m'inquiète presque....j'ai peur de tomber raide d'un moment à l'autre
C'est pas normal de cumuler autant de bornes et d'heures de TT, de nuit de surcroît et de vouloir continuer

Mais hors de question d'arrêter là ou de zapper cette étape contrairement à ce que j'avais annoncé à tous nos potes
Gégé avait raison, je risquerais de regretter après de ne pas avoir tout fait alors que j'en ai les capacités
Les véhicules de nos assistants sont garés sur le parking en face, en contrebas de la route
Vince s’est installé dans le sac de couchage sur la remorque pour dormir et se fera gronder par un autochtone qui lui demandera s’il a l’autorisation de s’installer sur ce parking !
Nous prévenons Pascal emmitouflé dans une couverture de survie sur un banc, que les 3/4 d’heure sont passés. Lui non plus n’a pas réussi à dormir et demandons où trouver de l’essence parce-que la Ténéré de Pascal a très soif
La station la plus proche est fermée, celle qui est dans la direction opposée à 5-6kms est hors service

Nous y retrouvons Mario le journaliste italien, Claudio sur son AT rouge et Andy sur sa Tuareg.
Ils nous proposent de les accompagner faire une boucle différente, plus facile et courte qui débouche au cp 3
Nous refusons pour toujours respecter et suivre les traces qui nous ont été données

Mario insiste en disant que la 3ème étape est vraiment très longue...
Ben oui, on sait, on verra bien

Nous retournons au CP nr 2 et demandons des infos précises pour l'essence
On nous indique le nom du village où nous devrions trouver une station fonctionnelle, nous repartons encore une fois dans l’autre sens mais heureusement dans la bonne direction
En Italie, les stations fermées ne fonctionnent pas avec les CB mais avec les billets.
Le souci, c’est que l’appareil capricieux recrache souvent les billets sans raison apparente.
Le fait qu’ils soient flambants neufs et non froissés n’y change rien
Il nous faudra 3/4d’heure pour faire le plein des 4 motos et avec tout ce qu’on a tourné en rond, on a bien perdu 1h1/4 !
Finalement nous pourrons enfin attaquer la 3ème étape vers 5h30, ce n’est pas trop tôt !
Nous partons sur la pointe des crampons pour ne pas réveiller les habitants...
Allez on y croit et on y va
Je l'aurai, je l'aurai

Je mets le son à fond dans mon juke-box

(je l'aime bien celle-là

"Knocking on heaven's door...hey, hey, hey..."