Moto Trail de Provence

Prologue :

- Motos : Suzuki 350DR endurisées, réservoirs 16litres, modèles 93 et 94 démarrage au kick.
- Il y a d’autres d’infos générales dans la rubrique compte rendu dans les récits de voyage :
- --- Madagascar SUD ( Tana-Manakara-FortDauphin- Tuléar-Tana)
- --- Madagascar NORD (Tana-DiégoSuarez-Cap d’Ambre-Nosy Be- Majunga-Tana)

Pour notre deuxième voyage à Mada, Nous comptions aller vers l’ Est puis au Nord en passant par le lac Alaotra, Mandritsara et aviser, aller voir la tentante piste tracée sur la carte qui va à Manakara (mais personne n’a pu nous renseigner sur la possibilité de passer, donc très gros doutes) sinon, essayer de rejoindre la côte de la vanille par Andapa, Sambava ce n’est pas gagné non plus, reste ensuite à attraper la RN6…
Nous ne ferons ni l’un ni l’autre, après prise d’infos à Tana, à cause de pluies abondantes, il est trop tôt pour aller là bas mais l’Ouest a été particulièrement peu arrosé cette année, nous profitons de l’aubaine et sortons le plan B (à l’opposé du plan A), en selle pour le Far West sur nos fidèles montures.

A Tana nous faisons les derniers préparatifs le garage Traces nous est d’une aide précieuse pour les pièces et la mécanique.
En attendant, nous passons le week-end à Ampefy RN1, les photos sont en fin de ce récit.

Les kilométrages correspondent à ceux faits en moto avec les tours et détours pour visiter les environs des étapes, les égarements…

Voilà en gros la liste de ce que nous amenons pour notre premier vrai raid à Mada, le premier voyage était un entraînement.

-Une grosse pharmacie qui gonfle un peu après chaque voyage.
-Une petite pharmacie premiers secours accessible rapidement.
-Une moustiquaire 2 places au cas où.
-Sacs à viande en soie, légers, peu encombrants, confortables.
- des repellents, une bombe insecticide contre les crrrc-crrrc et les bzzz-bzzz achetée sur place.
-Tout le tsoin-tsoin habituel, lampes frontales, couteaux, ficelle….
-sangles, tendeurs, bâches légères pour les bagages.
-quelques outils accessibles facilement, pince Leatherman, (démontes pneu, clé molette, multi-prises) dans le sabot.
-clés mixtes, petit coffret douilles, cales, réglet, clé bougie, lame scie métaux, mini volt-mètre, cosses, étain.
-1 grand chiffon, , bougies, fils de fer, fil électrique, boulonnerie, ampoules, pâte 2 composants, colle.
-4 chambres à air fines 2 avant , 2 arrières, pompe à vélo, rustines, liquide vaisselle.
- 1 filtre à air + chaussette, câbles + têtes, durite, cerflex, joints vidange, cocotes + leviers, joints spi de fourche,1 roulement Ar+Av.
-0,5l d’huile moteur,un peu d’huile de chaîne (de tronçonneuse), attaches-rapides, 1 compteur vtt.
-scotches, thermosoudé, américain, toile émeri, pâte à joint.
- couvercle plastique de goulotte électrique coupé (5x12 cm) que nous avons dans la poche, on le glisse sous la béquille lors d’arrêt dans le sable qui évite la grosse plaque soudée à la béquille dangereuse en cas de chute.
-Notice technique car peu de connaissances mécaniques en souhaitant ne pas avoir à l’utiliser.
-équipement d’enduro, pas d’équipement de pluie ni Kway, choix discutable.
-fringues, toilettes…dans des zip-loc contre l’humidité et la poussière .





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Itinéraire de Tana , en 3 semaines et env 3200 km : Ambositra, RN35, Tsinguys du Bemaraha, Morondave, Manja, Tuléar, massif Isalo, massif Andringitra, Tana, nous n’avons pas pu aller à Morombe et Andavadoaka (à cause d’un cadre cassé).en Mai, Juin 2005.

J1 Tana-Antsirabe :160km RN7

Nous sommes donc décidés à aller à l’Ouest, dans un premier temps arriver aux Tsinguys du Bemahara.
Puis plus compliqué, descendre vers Tuléar, armés des cartes au 1/500.000 de la FTM, d’un GPS sans waypoints, il peut nous servir pour nous repérer, en cas de doute, sur les cartes d’une précision très moyenne, nous savons que sur la piste au Sud de Morondave, il y a 2 rivières à traverser, ensuite, dans une grande ligne droite il ne faut pas louper l’intersection non repérée à droite pour Belo sur mer, passer à Manja (avec de l’essence en principe) et avant d’arriver au bac de bevoy sur la Mangoky il y a un marigot parfois profond, c’est à peu près toutes les infos dont nous disposons sur les 500 bornes de piste qui séparent Morondave de Tuléar, un peu maigre.
La traversée de Tana sous la bruine n’est pas très amusante dans la circulation anarchique, la chaussée est mouillée et grasse, presque une heure pour s’échapper, puis la RN7 file vers le Sud et nous commençons à goûter au plaisir de rouler en découvrant les paysages des hautes terres, des montagnes pelées laissent place à des résineux ou à des rizières. A la beauté du paysage s’ajoute l’architecture des maisons Betsileo.
Nous nous abritons tant bien que mal des grosses averses puis poussons un peu le rythme pour laisser les orages derrière nous et arrivons secs à Antsirabe la ville des pousses-pousses où nous faisons étape. Il y a un large choix de chambres et de restaurants.

compteur VTT fait parti de l'allègement des motos.

A+ pat83

J2 Antsirabe :

Il pleut ce matin. Nous n’aurions pas dû faire l’impasse des K.Ways, Cathy me l’avait dit.
Nous prenons le temps de visiter la ville pendant les éclaircies, le marché couvert, les édifices, nous imprégner de la vie locale et surtout nous renseigner sur les possibilités de charger les motos à Miandrivazo (à 250 bornes par la RN34) pour descendre la Tsiribihina, ce que font en principe les touristes, un 4x4 les mène à l’embarcadère et les récupère à Belo sur Tsiribihina pour continuer jusqu’aux Tsinguys.
Nous avons de sérieux doutes sur la possibilité de naviguer en toute quiétude pendant 3 jours, nous dans une pirogue, les motos dans d’autres, il y a aussi soit disant quelques grosses barges, mais elles sont peut-être utilisées, difficile de savoir lorsqu’on est à 250 bornes, nous avons des infos contradictoires.
Pendant nos réflexions dans un snack en ville une pluie diluvienne s’abat sur un motard Vazaha ( un blanc en malgache) il arrive sur son 400XR, reste juste le temps d’avaler un morceau, il connaît bien Mada, il va rejoindre des potes en 4x4 à AmbatoFinandrahana sur la RN35 et va à Morondave. En 5 minutes, il nous conseille de faire pareil, nous vente la beauté de la région, le plaisir des 200km de piste de la RN35 abandonnée avant de retrouver le beau goudron à Malainbandy, puis, il repart vite pendant une accalmie, la pluie diluvienne recommence aussitôt, inonde la terrasse, nous pensons à la rincée que prend ce motard pressé.( Il s’appelle Eric, nous le rencontrerons plus loin )

J3 Antsirabe- Ambositra : 140 km RN7


La météo est incertaine, nous partons sans bagage pour le lac Tritiva, les chemins traversent une campagne bucolique, rizières, travaux des champs, nombreux chariots tirés par des zébus, habitants sympas, souriants. Au retour nous entrons dans Antsirabe sans pouvoir éviter le marché, nous nous faufilons dans la foule sur nos motos, mal à l’aise, en suivant les directions que les gens nous indiquent, certains vendeurs poussent leur marchandise pour nous laisser passer le tout sous l’œil indiscret de ma caméra fixée au casque.
Il fait soleil.
C’est décidé, nous faisons confiance au motard d’ hier, s’ils passent avec un 4x4, nous devrions y arriver à condition de ne pas nous perdre, des copains m’avaient parlé de cette piste, ils s’étaient paumés, après avoir galéré, avaient juste eu assez de carburant pour revenir sur leurs pas, nous devrons être vigilants.
C’est après-midi, nous roulerons tranquillement, visiterons Ambositra pour attaquer les difficultés tôt demain.
Nous chargeons les bagages, essuyons une averse abrités sous un minuscule abris de bois au toit de paille.
Posons nos affaires dans un hôtel d’Ambositra, laissons passer le dernier orage et partons visiter la ville, le marché dans les rues, repérons, marchandons l’artisanat que nous prévoyons d’acheter au retour.

J4 Ambositra-Manavotra ?: 200km RN35

Nous partons dans la brume avec de l’eau et du carburant, nous quittons la sécurisante RN7 à Ivato pour l’ aventureuse RN35 goudronnée sur une soixantaine de bornes.
Après Ambatofinandrahana, (rajout d’essence) nous ne verrons plus de véhicule jusqu’à demain soir, la mauvaise piste commence, cassante, glissante, caillouteuse, de grosses ornières, une progression lente, nous mettons environs 2 heures pour atteindre les larges plaques de roches du col d’Intremo, nous pensions voir des traces de moto ou de 4x4 mais ce n’est pas évident, les averses ont nettoyé la piste. Nous descendons vers les plateaux herbeux, cela fait 3 heures que nous roulons sans âme qui vive, il y a pourtant quelques cases isolées et des lopins de terre cultivés.
Nous sommes en zone rouge où sévissent les Dahalos, les voleurs de zébus, bandes armées qui dérobent les bêtes comme les gangs attaquent les banques. Les grands espaces, le paysage vallonné à perte de vue, les collines recouvertes d’herbe nous font penser à des reportages sur la Mongolie.
Nous arrêtons pour pique-niquer à la deuxième gamelle de Cathy, elle a un pouce endolori, mon pied gauche a accroché une racine planquée dans une touffe d’herbe sur le bord, genou un peu tordu mais ça ira. Après un passage en descente dans de grosses ornières et de rochers éboulés, j’attend Cathy, ne la voyant pas, je laisse la moto et remonte à pieds, pas de Cathy, je continue plus loin, pas de bruit de moto,. Je reviens chercher ma moto, remonte le passage délicat et la retrouve à quelques km, elle c’est trompée de piste puis revenue au dernier endroit où elle m’a vu, plus de peur que de mal, elle ne s’est pas faite kidnapper par des Dahalos. La montée d’adrénaline a duré une demi-heure, c’est long dans cette solitude. Nous croisons enfin 2 bergers armés de lances, nous donnons les noms de nos destinations, ils nous répondent d’un long geste du bras qui indique à la fois l’éloignement et la direction plein Ouest vers où nous nous dirigeons, c’est rassurant. Nous arrivons à un village un peu dispersé qui doit être Amborompony, mais n’arrêtons pas, le motard de l’autre jour nous a indiqué un couchage rudimentaire plus loin à Mandrosonoro.
Nous continuons la RN35 traversons quelques gués et grosses flaques qui retardent l’avancée, 1 km après un village, nous trouvons un nouveau ruisseau, celui là d’une dizaine de mètres de large, l’eau m’arrive en haut des cuisses, je cherche un autre endroit à pieds, il n’y en a pas. Il est 16 heures, nous ne savons pas ce qui nous attend plus loin, nous garderons cette difficulté pour demain matin, en trouvant des gars pour porter les motos par exemple.
Dans le village nous cherchons quelqu’un qui parle français et trouvons l’instituteur qui nous indique un autre passage du ruisseau avec un contournement d’une colline avant de retrouver notre piste, nous jouons la carte sécurité, demandons l’hospitalité, il accepte de nous loger dans une pièce à l’étage, les motos sont vite mises à l’abris dans l’enclos, ils ont l’air de craindre les vols ici, elles n’ont pourtant pas de cornes nos bécanes. L’instituteur nous rappelle que nous sommes en zone rouge ce que j’avais omis de dire à Cathy.
Nous faisons une ballade dans le village où nous sommes l’attraction, avec une ribambelle de gamins suiveurs qui déguerpissent dès que nous nous retournons, entrons dans l’église où chante une petite chorale, le chant est moment de détente après une journée de labeur, pas de ciné, pas de shopping dans le coin… peut-être une TV et un magnétoscope au village sur groupe électrogène. Nous pensions que l’instit serait curieux, nous poserait des questions sur la vie européenne mais il nous amène à manger et préfère nous laisser seuls. Nous essayons de dormir, dans notre jus sans nous déshabiller

Voilà une bien belle aventure

Ça c'est du CR !!! bravo !

Sinon, je ne sais plus si tu l'avais dit... vous avez expédié les bécanes là-bas ou quoi ?

TiTi a écrit :Ça c'est du CR !!! bravo !

Sinon, je ne sais plus si tu l'avais dit... vous avez expédié les bécanes là-bas ou quoi ?

Titi, faut suivre ... tu vas devoir lire les épisodes précédents

Pat, encoooore !

Stef, ça devrait étre interdit ces CR ... ça grâaate

tricker a écrit : ...mais j'attends impatient les photos du passage à gay .

Toi, tu ne passes définitivement plus derrière moi...

Chatothierry a écrit :

tricker a écrit : ...mais j'attends impatient les photos du passage à gay .

Toi, tu ne passes définitivement plus derrière moi...

OUI, mais si il y a PaGay, il faut aussi une pirogue, le tout est de rester dans la bonne humeur, c'est très gué tout çà.


Pour les infos générales, j'en ai mis un peu sur chaque compte rendu et j'essaie de ne pas trop me répéter, les récits sont déjà assez long comme çà, sur celui si j'ai plus insisté sur l'outillage, les pièces....

D'ailleurs, çà fait plaisir de savoir que certains lisent tout et en plus s'en rappellent

La suite arrive !!! plouf ou pas plouf, gué ou pas gays....

A+ pat83

tricker a écrit :Vraiment super comme dab avec Pat et quelle imagination...la sorcière est bien là mais j'attends impatient les photos du passage à gay. aller à l'eau

alors là, c'est sur, maintenant, il faudra se méfier

Pat, la suite stp, vite

le CR est trop bon


les photos au top


comment ont été les contacts avec les locaux? ils sont heureux de voir des blancs dans les coins reculés, comme en Afrique??


les préparations du voyage.....??

J5 Manavotra-Morondave :250 km RN35

Comme prévu, nous avons juste sommeillé de 4 à 6 , énervés par la concentration de la journée, les aboiements des chiens, les cocoricos en pleine nuit. Je prends mon hôte sur la moto pour qu’il me montre le deuxième gué, reviens au village pour faire une séance photos, faisons nos adieux et quittons le village sous les cris des gamins. Après une bonne suée matinale au passage de 2 gués passé, nous roulons quelques km sur une piste envahie d’hautes herbes qui donne l’impression de conduire des moissonneuses et trouvons la piste principale qui à le nom pompeux de RN35, ça roule mieux qu’hier nous arrivons à Mandrosonoro après une bonne heure, nous avons bien fait de faire la halte hier, je me voyais mal arriver ici de nuit.
Plus loin, après Janjina, un bout de route goudronnée soulage nos efforts, le bitume est posé là comme par miracle au milieu de nulle part sur une dizaine de km, bien marqué en rouge sur notre carte IGN, puis la piste reprend, une vingtaine de km jusqu'à la Sakeny, une large rivière aux berges et au fond sablonneux, il est 13 heures, il fait chaud, le repérage à pieds de l’endroit est long. Quelques malgaches arrivent, ils ne m’ont pas l’air très dynamiques. J’essaie de traverser seul en roulant, la moto ralentie, je ne peux plus accélérer car la roue arrière s’enfonce inexorablement dans le sable, je fais appel aux malgaches, descends et nous poussons tous aidés par le moteur, même punition pour la deuxième moto, j’ai l’impression d’être seul a pousser et arrive exténué de l’autre côté pendant que Cathy traverse nos affaires. Gros coup de pompe, j’ai du mal à récupérer me trempe la tête pour reprendre mes esprits après les efforts sous le soleil de plomb, heureusement, le goudron n’est plus qu’à une dizaine de km.
Le chemin qui continue est sympa, quelquefois en sous-bois, jusqu’à Malaimbandy, ouf, une petite ville endormie aux allures de western, il n’y a pas d’essence mais le coca est assez frais, le goudron chaud nous attend pour 160 km.
Pour ma part, j’ai trouvé la piste de la RN35 plaisante pour la conduite malgré notre chargement qui nous pousse à la prudence, ce qui n’est pas plus mal, je nous vois mal après une mauvaise chute sans assistance dans cette région isolée.
Nous mettons un peu d’essence à Ankilizato. La fin du parcours n’est pas agréable avec le soleil dans les yeux et l’arrivée à Morondave. Nous trouvons le quartier des hôtels au bord du canal du Mozambique, nous avons en sélectionné un, en entrant sur le parking, il y a à côté d’un 400XR le motard d’Antsirabe qui nous a indiqué la plaisante RN35, je crois que Cathy va l’étrangler !!! Nous décasquons (oui oui, c’est un nouveau mot inventé, encore une lacune de notre chère académie française), il nous reconnaît tout content de nous voir entiers, nous le chahutons pour nous avoir envoyé au casse-pipe sur cette piste aventureuse. Nous avons juste le temps de profiter du coucher de soleil sur la plage. Une bonne douche s’impose, le soir nous mangeons avec Eric le motard qui nous propose d’aller ensembles jusqu’aux Tsinguys.