Jour 7 . Beni-Mellal

Anergui : la journée des demi-tours...
Au programme (initial) de la journée : Beni-Mellal - Tilougguite - piste de l'Assif Meloul - Imilchil... du moins c'est ce qu'on pensait
Allez zou, on y va !
C'est aujourd'hui que nous quittons Beni-Mellal : déjà 3 nuits passées ici, faut quand même continuer à descendre !
Nous partons avec les réservoirs presque vides, direction Ouaouizerth, où nous ferons le plein, car pour y être déjà passé plusieur fois devant, on sait maintenant qu'il y a une station essence à l'entrée de ce village... et comme ça, on pourra continuer plus sereinement vers l'Assif Meloul et ensuite Imilchil.
Arrivés à la station :

plus d'essence dans les cuves !

... et impossible de savoir si ils vont être livrés aujourd'hui

Pas d'autre solution que de retourner sur Afourer, soit un aller/retour d'environ 100 Km... ça commence bien !

Mais avant tout, il nous faut absolument trouver un peu d'essence (en bidon), car Jean-mi et moi ne pourrons jamais y arriver (à faire les 50 bornes jusqu'à Afourer).
Je ne vous cache pas, que pour trouver un peu d'essence au bidon, dans un village qui est maintenant équipé d'une station toute neuve, fut un grand moment de galère : promenés d'une rue à l'autre, d'un bazar à un garage, d'une station de taxis à un autre artisan, on a fait 3 ou 4 fois le tour du village... jusqu'au moment où, dans une espèce d'arrière cours, un petit artisan mécanicien, a accepté de nous dépanner

Et dans ce genre d'endroit, surtout bien faire gaffe où on roule, car le sol est truffé de petit bouts de feraille en tout genre, et autre pointe malicieuse qui ne demande qu'une chose : se planter dans vos pneus, histoire d'aller faire un tour de moto !
Ces quelques litres d'essence engloutis par nos réservoirs, nous nous hâtons de retourner sur Afourer, afin d'y refaire chacun son complément de carburant !
Une fois l’opération ravitaillement (pas en vol, hein !) effectuée, nous repassons à Ouaouizerth, sans nous y arrêter : ouai, c'est bon, hein ! on connait...

, et direction Tilougguite.
On prend par la même route qu’hier, et laissons cette fois l'embranchement de la G8, pour finir l'ascension du col dont j'ignore le nom

Par contre, une fois passé de l'autre côté, la route, excellente, est un pousse-au-crime, de par sa largeur, son revêtement, et ses virolos, et, qui plus est, nous avons une vue extraordinaire sur la Cathédrale, qui semble noyée parmis toutes les montagnes.
Arrivés sur Tilougguite...

...on passera ce village, et on s'arrêtera peu après ,au bord de la rivière... avec toujours en point de mire, la Cathédrale...
... pour notre sacro-saint "casse-croute", car je crois que Jean-mi

s'impatiente vraiment !
Pas la peine de prendre des risques inutiles : on le fait manger !
Et bien sur, on a encore des munitions !
C'est fou ce qu'une canette de bière, peut le rendre joyeux !
Le repas est expédié en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, parce qu'on sait qu'on va faire ce qui doit être la plus belle piste du Maroc, j'ai nommé, la Gandini H1, alias, la piste de l'Assif-Meloul !

On chevauche à nouveau nos fidèles destriers, et filons, poignée dans le coin, jusqu'au début de ladite piste...

Ah oui, encore un détail sur l'Homosapien-Vercorien...

...il ne veut jamais mettre sa moto dans le même sens que les autres... même pour faire une photo
Et c'est parti pour la H1 !
On se retrouve maintenant, avec la Cathédrale derrière nous
Vous voyez la piste, là bas ?
Hoooo, faites un effort, quand même ! en plus y'a Jean-mi, dessus
Bon, et là, vous le voyez ?
On pénettre dans cette vallée, par une piste comme on aimerait en voir tout le temps !
C'est tout simplement féérique...
Un pont nous fait traverser l'Assif Meloul, pour continuer sur l'autre rive
C'est d'ailleurs là que nous croiserons un couple de Girondins, dans leur 4x4

Eux viennent de faire demi-tour un peu plus loin, car un berger leur a dit que la piste était coupée quelques km plus loin...
Ah bon ! la piste est coupée ?

reflexion...
On s'en fout, s'est trop beau

on y va quand même !
Tient ! un pont !
Les origines primates de l'Homosapien-Vercorien reprennent le dessus !
Non Maxou, on n'a pas le temps de faire plouf !
On continue donc, et... tient ! un bout de rivière est passée sur la piste !

Allez Maxou ! Je t'ai montré où il fallait passer !
Ah ça non, c'est pas moi qui te l'ai appris : mais tu le fais très bien !
Jean-mi, ayant vu le manège, décide de faire autrement...
Du coup, il passe à côté !
Hélas, il semblerait que le berger n'ait pas raconté de bêtises à notre couple de Girondins, croisés précédemment : la piste est bel et bien coupée...
...et vraiment aucun moyen de passer !
La mort dans l'âme, faut qu'on fasse demi-tour

On aura fait environ 17 km de cette fabuleuse piste...
Allez Jean-mi, on s'en va !
Et encore un demi-tour !
On rebrousse donc chemin.
On repasse par Tilougguite, le col (sans nom), et là, on décide de reprendre la piste G8 du Gandini, pour ensuite rattrapper la R 306

(arrivée sur la R306)
...et de pousser jusqu'au village de Tagelft, où, d'après nos renseignements, on pourrait trouver de l'escence ; parce que c'est pas qu'on soit inquiet, mais depuis ce matin, on a pas mal roulé, et les demi-tours n'étaient pas prévus au programme. De plus, la super-T consomme plus que de raison ...qui a dit "à l'image de son propriétaire" ?

Arrivés à Tagelft, on trouve la station....... mais là encore, elle est à sec !
Concertation... réflexion... on en arrive au même constat : on est dans la mer** !
Deux solutions s'offrent à nous :
1/ on retourne sur Beni-Melal, où on sera sur de trouver, et de l'essence, et un endroit où dormir
2/ si on continue, on ne sait pas où on va, mais d'après les autochtones, on peut en effet aller jusqu'à Imilchil, qui devrait se trouver selon eux, entre 50 et 70 km
Vu qu'il est hors de question de retourner sur Beni-Mellal (y'en a marre de Beni-Mellal !), on continue... et puis 70 km, c'est pas la mer à boire. Au pire, si la super-T tombe en panne, on siphonera un peu les Africas, qui elles, sont beaucoup plus raisonnables
Nous voilà donc (re)partis, en direction d'Imilchil (enfin, à c'qui paraît !

)
Et on roule, on roule, on roule... et ça monte, ça monte, ça monte...
La végétation se fait de plus en plus rare, mais on croise encore des bergers et leur troupeau
Il est maintenant presque 19h00, on est à plus de 2000 m, et il fait....... pas chaud, quoi !
Et c'est là que je m'apperçois que la clef de mes valises alu, qui était attachée à mon trousseau (au contact) a disparue !

En fait, elle était sur un petit anneau brisé, qui du se couper

mais pourquoi moi ?
Bon, je ne vais pas passer la soirée à me lamenter : on verra ça arrivé à Imilchil. D'autant plus qu'on n'est pas encore au bout de la route...
On passe des cols à plus de 2500m

C'est beau, mais avec le froid, le fait qu'on ne sache pas où on se trouve exactement, et qu'on ait pratiquement plus d'essence dans les réservoirs, rajouté à ça, la nuit qui va bientôt tomber, ben excusez-nous, mais là, on a un peu de mal à apprécier le paysage !
Enfin, au détour d'un (dernier) col, on apperçoit un village dans la vallée : ça y est, on est arrivé à Imilchil !

Il était temps, car il est 19h30, il fait froid, et les motos ont sérieusement soif...
Une petite demi-heure plus tard (soit presque 20h00, pour les deux du fond qui ne suivent pas !

), on entre triomphalement dans le village...
... mais point de panneau indiquant :"Bienvenu à Imilchil"
En fait, pour nous souhaiter la bienvenue, un homme (suremment le maire du village, n'est-ce pas Jean-mi ?

), s'avance vers nous :
-Bonjour monsieur, vous parlez Français ?
-Bonjour Messieurs, oui oui, je parle Français. Soyez les bienvenus !
-Heuuu, on est bien à Imilchil, là ? (et va savoir pourquoi, mais en posant cette question, j'ai eu un grand, très grand , moment de doute)
-Imilchil ?

(et pourquoi il rit comme ça, lui ? ) non non, pas du tout ! Ici vous êtes à Anergui

-Anergui ?

Mon dieu c'est pas possible ! Mais la route pour aller à Imilchil ? Elle est où, cette $*&@§ route ?
-Ben pour aller à Imilchil, il vous faut remonter sur le plateau, à environ 22 km d'ici, et prendre la piste qui part sur la droite, et continuer sur environ 30 ou 40 km... et vous serez à Imilchil.
Là, on riait plus du tout...
-Bon, c'est pas grave, on va voir ce qu'on peut faire. Est-ce qu'il y a une station essence ici ?
-Non.
-Est-ce qu'on peut trouver de l'essence en bidon ?
-Non.
Avouez que jusque là, le sort s'acharne contre nous...

On fait le point : il fait bientôt nuit, donc hors de question de partir sur une piste (inconnue), on n'a plus d'essence, et accessoirement, un peu faim... mais ça, on n'y pensait pas vraiment.
Puis derrière ce gentil monsieur qui avait brisé nos derniers espoirs, on apperçoit un panneau :"Gîte d'étape"
-Le gîte, là; il est ouvert ?
-Attendez, je vais voir.
Il sort téléphone portable (ils sont au milieu du trou du c*l du monde, ils ont l'electricité depuis 15 jours, mais ils ont du réseau pour les téléphones ! ça c'est fort ! ), et appelle quelqu'un (désolé, je sais pas ce qu'il a dit, parce que je ne parle Marocain que sous la torture... et encore !

Sans avoir raccroché, il s'adresse à nous :
-Oui oui, c'est bon pour le gîte. Vous voulez manger aussi ?
-Ah ben si en plus on peu manger, ça sera pas de refus !

-C'est bon Hammou, tu peux leur faire à manger pour 3 (il parlait dans le téléphone, toujours pour les 2 du fond qui ne suivent toujours pas !

)
Ni une ni deux, nous voilà arrivés devant le gîte

Au balcon, Hammou, le propriétaire, nous attend.
Après s'être salué, et que nous l'ayons remercié de nous accueillir malgrès l'heure tardive, nous ne dérogerons pas au traditionnel thé à la menthe
La discution avec Hammou nous apprend que les deux pistes qui desservent Anergui : la piste des cols, et la piste de l'Assif Miloul sont coupées, en plusieurs endroits, et que la seule route pour venir ou partir d'ici, est celle que nous avons prise.
Il nous indique par ailleur, qu'il y a bien une piste, à environs 22 km d'ici, pour aller à Imilchil, et qu'elle "devrait" (j'aime pas trop ce mot, devoir) passer. D'ailleur, si on veut résoudre notre problème de carburant, on peut prendre son 4x4, et aller à Imilchil chercher de l'essence : il nous le laisse pour 800 Dhr (78€).
On le remercie de son offre, mais pour le moment, on va rester là... on verra demain
Il nous fait visiter un dortoir
Lui ayant exposé mon problème de clef perdue (celle des valises, je vais quand même pas me répêter tout le temps

)

, je lui demande s'il aurait des outils pour faire sauter les serrures.
Avant d'en arriver là, il tient quand même à essayer quelques clefs qu'il a en sa possession (on ne sait jamais, un miracle ! )

Mais le miracle n'aura pas lieu...
On cherche une solution, pour ouvrir ces valises, sans casser les serrures.
Après avoir tourné le problème dans tous les sens, je demande au jeune apprenti mécano qui était présent avec Hammou, de faire sauter les rivets de la plaque de verouillage : ainsi je pourrai quand même fermer mes valises, mais pas à clef, bien sur !
3 coups de marteau/burin plus tard, mon problème était résolu, et le jeune venait de se faire un pour-boiore qui apparemment, avait l'air de l'enchanter
Pendant que sa femme nous prépare un tajine, Hammou allume un feu sous la maison : en fait il nous fait chauffer le hammam
Pour le repas, nous sommes installés dans l'immense salon Berbère,
que nous avons pour nous tous seul !
Et le repas sera à la hhauteur de l'accueil qui nous a été réservé : magnifique !
Il est temps pour nous de rejoindre le dortoir, car mine de rien, c'est une sacrée journée qu'on aura eu là... et il est 23h20 !
Ah oui ! Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ce dortoir, n’est pas celui que nous avions vu en premier. Nous avons choisi celui-ci, simplement parce qu’il n’y a qu’une seule petite fenêtre, et du coup, il y fait moins froid que dans l’autre !
Le temps de se mettre à la paillasse (mot qui prend tout son sens, ici

)
Il faut encore enregistrer les traces de cette journée, et on pourra enfin faire dormir les yeux
Bien évidemment, tout au long de cette soirée, nous avons échafaudé des plans, plus audacieux les uns que les autres, pour nous sortir de ce (magnifique) patelin !
Mais ça, vous le saurez en lisant la suite des aventures de Chato et ses amis !

mais qu’est-ce que je raconte, moi ?

il est fatigué, le chato...
