HardAlpiTour 2012

[Mimi]

2ème Etape 21h30 – 03h15

Aucune photo ne sera prise durant cette étape...

Une petite hésitation et un demi-tour plus loin, Gégé nous trouve rapidement l’entrée de la piste
qui nous fait grimper en forêt

La nuit est vraiment noire, seul un petit croissant de lune et quelques étoiles nous éclairent tant bien que mal

Je suis épatée par l’efficacité de mon éclairage et espère que le gibier qui réside par là reste bien dans son coin et ne décide pas de traverser sans prévenir…
Histoire de me contredire, un sanglier traverse juste devant les roues de Gégé !
Apparemment il sort tout seul ce soir, le reste de la famille ne suit pas

Belle grimpette suivie par des passages faciles, certains relativement étroits mais ça va, Demonte, on monte, on connait bien ce coin-là…d’ailleurs qui ne le connait pas ?
Nous sommes assez nombreux sur la route qui doit nous déposer au début de la prochaine piste

"Un peu plus près des étoiles
A l'abri des colères du vent...."

Il fait frais là-haut à près de 2.000m à cette heure-ci

Piste facile, large…c’est un grand cirque de montagne.
Au loin on voit ça et là des phares de motos par petits groupes, tels des étoiles filantes...

Les pistes tournicotant un peu dans tous les sens, il est difficile de savoir s’ils sont devant ou derrière nous, ambiance un peu surréaliste où l’on sait que nous sommes tous entrain de vivre la même et très belle chose

"étoiles des neiges, mon coeur amoureux...."

Après le refuge, retour sur une superbe route viroleuse avec une multitude de tunnels taillés dans la roche (va falloir revenir en plein jour pour faire des photos ) et l’attaque du colle Sampeyre
Des phares de motos avancent bien plus haut et pourtant proches de nous, ça doit sacrément grimper pour arriver à leur niveau !
Mais d'abord on traverse la cour d'une ferme en se faisant courser par les chiens du paysan mais nous
sommes bien sur les bonnes traces contrairement à ce que pensait Géraud
A maintes reprises, nous constaterons que les divers GPS ne sont pas toujours d'accord...

Ils m'entrainent au bout de la nuit
Les démons de minuit
Ils m'entrainent jusqu'à l'insomnie
Les fantômes de l'ennui

Effectivement, les épingles serrées se suivent et ne se ressemblent pas forcément mais elles sont raides
sur terre une terre meuble…
Un groupe de BMWistes est stoppé, une des leurs refuse de continuer à avancer, panne inconnue
Ils nous demandent de prévenir leurs compagnons de route qui sont plus loin devant
Ce sera chose faite et ils redescendent pour lui porter secours

Plus loin, c’est une crevaison dans un groupe de 7-8 motos, ils sont bien assez nombreux
et déjà bien actifs, nous continuons

Pour avoir fait la descente de cette piste l’an dernier avec Oligo, je sais qu’elle sera cassante à souhait
D'ailleurs Oligo, y avait toujours les chaises au même endroit et toujours pas fait de photos,
va encore falloir y retourner
Arrivée sur place, il me semble que c’est encore pire que l’an passé (un début de fatigue peut-être ?)
à la vue des épais tapis de pierres, j'accélère pour ne pas m'y enfoncer tout en m'accrochant au guidon...
mais je sais aussi, qu’il suffit de serrer les dents un bout de temps parce-qu’après ce sera de la belle piste forestière

Je reconnais l’épingle où nous nous étions arrêtés pour récupérer des forces (là où montaient les Bmwistes allemands l'an dernier) et là je sais que c’en est enfin fini de lutter pour garder la trajectoire

Sur tout le trajet, nous verrons garées ça et là des voitures sur les bords des pistes, des 4x4…des randonneurs qui dorment dans des gîtes plus haut peut-être….parce-que s’ils dorment dans leurs véhicules, c’est raté pour passer une nuit tranquille…désolée messieurs, dames ….on ne fait que passer

De retour sur le goudron, il suffirait de bifurquer à gauche et de retrouver à 2-3 kms le CP nr 2 mais question de conscience, interdit de tricher.
Nous suivons scrupuleusement les traces et repartons dans la montagne faire une dernière belle boucle avant d’arriver vers..... oh punaise déjà 3h15
Je n'ai pas du tout eu l'impression d'avoir roulé pendant 5h

Pourtant mes bras sont fracassés la Via del sale dans la montée, le Sampeyre dans la descente....
je vais pouvoir postuler aux Travaux Publics, je me demande si ça n'est pas plus facile et moins douloureux
de manipuler un marteau-piqueur pneumatique toute la journée !

Pascal nous demande ¾ d’heure pour faire une pause, j’essaie moi aussi de dormir tout en ayant peur de plonger profondément….
Je m’allonge par terre sur les gravillons mais je lutte, je suis bien trop excitée et impossible de débrancher.
Je me relève et vais boire un espresso

…autour de nous, ça ronfle de tous les côtés

Quand l’organisateur voit que je me prépare à repartir il vient me voir et me demande si je suis bien certaine de vouloir continuer, si c’est vraiment raisonnable

Je lui réponds d’oublier ce que je lui ai dit le matin, je suis en pleine forme
Il insiste en précisant que la prochaine étape sera très longue mais pas trop difficile...
Des gros cailloux sur 2-3 kms au début et après ça roule bien

Je ne peux pas lui avouer que ce regain d'énergie m'inquiète presque....j'ai peur de tomber raide d'un moment à l'autre
C'est pas normal de cumuler autant de bornes et d'heures de TT, de nuit de surcroît et de vouloir continuer
Mais hors de question d'arrêter là ou de zapper cette étape contrairement à ce que j'avais annoncé à tous nos potes
Gégé avait raison, je risquerais de regretter après de ne pas avoir tout fait alors que j'en ai les capacités

Les véhicules de nos assistants sont garés sur le parking en face, en contrebas de la route
Vince s’est installé dans le sac de couchage sur la remorque pour dormir et se fera gronder par un autochtone qui lui demandera s’il a l’autorisation de s’installer sur ce parking !

Nous prévenons Pascal emmitouflé dans une couverture de survie sur un banc, que les 3/4 d’heure sont passés. Lui non plus n’a pas réussi à dormir et demandons où trouver de l’essence parce-que la Ténéré de Pascal a très soif

La station la plus proche est fermée, celle qui est dans la direction opposée à 5-6kms est hors service

Nous y retrouvons Mario le journaliste italien, Claudio sur son AT rouge et Andy sur sa Tuareg.
Ils nous proposent de les accompagner faire une boucle différente, plus facile et courte qui débouche au cp 3
Nous refusons pour toujours respecter et suivre les traces qui nous ont été données
Mario insiste en disant que la 3ème étape est vraiment très longue...
Ben oui, on sait, on verra bien

Nous retournons au CP nr 2 et demandons des infos précises pour l'essence
On nous indique le nom du village où nous devrions trouver une station fonctionnelle, nous repartons encore une fois dans l’autre sens mais heureusement dans la bonne direction

En Italie, les stations fermées ne fonctionnent pas avec les CB mais avec les billets.
Le souci, c’est que l’appareil capricieux recrache souvent les billets sans raison apparente.
Le fait qu’ils soient flambants neufs et non froissés n’y change rien
Il nous faudra 3/4d’heure pour faire le plein des 4 motos et avec tout ce qu’on a tourné en rond, on a bien perdu 1h1/4 !
Finalement nous pourrons enfin attaquer la 3ème étape vers 5h30, ce n’est pas trop tôt !

Nous partons sur la pointe des crampons pour ne pas réveiller les habitants...

Allez on y croit et on y va

Je l'aurai, je l'aurai

Je mets le son à fond dans mon juke-box
(je l'aime bien celle-là )
"Knocking on heaven's door...hey, hey, hey..."

[Mimi]

3eme ETAPE 5h30 – 12h15

Il commence à faire moins sombre….très rapidement, je coupe mon phare à leds pour ne laisser
que mon phare normal qui éclaire juste ce qu'il faut...

Bon ils sont où ces cailloux, qu’on en finisse le plus vite possible !
Ca commence à taper sur la piste…Ah les voilà....si ce n’est que ça…. ça va !

Trop facile d'après moi, le passage annoncé avec les grosses pierres doit être plus loin...
et entretemps, Jean-Louis est arrivé

« Le jour s'est levé
Sur une étrange idée
Je crois que j'ai rêvé
Que ce soir je mourrais
Le jour s'est levé
Plein de perplexité…. »

J’éteins mon phare, on devrait bientôt voir le bout de cette aventure…

Et subitement la voilà, elle est là la piste et plonge sur de beaux et gros cailloux qui roulent sous les roues, tout ce que j’adore !

Des cailloux semés par le petit poucet et nourris aux OGM, y a plein d’espace autour, pourquoi les avoir justement mis sur la piste ???

Y a du monde derrière nous, mais la piste est trop étroite pour que je les laisse passer et impossible de m’arrêter dans cette descente…désolée les gars, vous attendrez… et puis je n’ai plus de bras moi, alors j’essaie de tenir plus ou moins le cap en espérant ne pas trop faire rire ou râler ceux qui suivent

Poum, poum, poum….je continue ma descente en première grâce à un ralenti réglé aux petits oignons par mon GG, l’éléfant se débrouille très bien tout seul, je le laisse faire,le suis et puis non zut et badaboum ! I

Ma roue avant a tapé sur une pierre, s’est levée et le guidon a tourné brutalement vers la gauche direction les buissons…..pas eu la force de le contredire…suite à une jolie cabriole, par terre la Mimi avec la tête qui a cogné sur un caillou, mais rien de méchant (j’ai la tête dure)

Danilka pose son 500XT, arrive en courant et avant même qu’il ait pu poser la question, je le rassure « tutto a posto, tutto va bene »

On ramasse tout ça, je remonte dessus « Grazie, mi dispiace tanto » et je continue

Ouf ça s’arrête enfin, on retrouve la terre ferme, ce n’est pas trop tôt !

Heureusement que cette partie s’est faite au petit matin parce-que de nuit, ça doit encore être une autre histoire…

Je me retrouve en tête de file (ah la galanterie italienne …) mais il y a une bifurcation, n’ayant pas de GPS je ne sais pas où aller et espère surtout que les autres vont me servir de guides
Le type à côté de moi me dit qu’il faut que je continue tout droit mais il veut rester derrière au cas où…
C’est le moment d’essayer de sauver plus ou moins mon honneur, la piste est belle et je file rejoindre Gégé et Pascal ou Géraud, je ne sais plus lequel des deux est derrière moi, (les neurones sont allées se coucher à moins qu’elles n’aient été trop secouées)ma seule certitude c'est que GG est devant...

Il nous attendait à peine plus loin, d'un signe je remercie les italiens qui continuent sur leur lancée

Il se doutait bien que j’étais tombée et savait que je n’étais pas seule et que j’aurai de l’aide
Le souci sur des pistes comme celles-ci, c’est qu’il est très difficile de vérifier si ça suit derrière…
Pour la suite, j’ai un grand blanc si ce n’est que je me souviens avoir pris une enfilade incroyable de cols, on monte, on descend, on remonte, on redescend, sur de la terre, sur du goudron…et à chaque fois tu te dis ça y est on arrive !
Ben non, faut encore remonter
J’ai reconnu certains endroits pris en photos l’an dernier par GG, Pascal et Danilo
Traversée de jolis hameaux abandonnés….

Nous rattrapons Claudio et son équipe qui ont récupéré la trace de l‘étape 3 en cours de route
Il a un souci électrique sur son AT mais nous dit de continuer, à 5 ils vont bien finir par trouver…
Le soleil illumine le sommet des montagnes qui nous entourent
Yannick Noah aussi est réveillé…

« Du soleil comme s'il en pleuvait
Le coeur en été
Et la vie avec toi
Du soleil mon eldorado
Au creux de ta peau
Et la vie coulera…comme ça »

J’ai reconnu la carrière où GG est passé aussi (ils avaient fait des photos après s’être épuisés à faire une longue descente sur des gros blocs de pierre, blocs qui ont été enlevés cet été par l’organisation, un grand merci à eux)
Pascal va s’écrier : « ben ils sont où les blocs de pierre ? c’est quoi ce b****l ? trop facile là ! »

On prend en photo ceux qui passent par là...tiens nous n'étions donc pas les derniers

Parait que nous sommes passés dans une station de ski aussi….

Milegas avait donné rdv à Flo et Vince pour qu’ils viennent lui amener un jerricane d’essence mais je ne sais plus dans quel bled, ni à quel moment….ni si Pascal était encore avec nous, le flou complet
Nous faisons le plein avec GG et d’autres participants à la station du village

Notre allure de croisière a un peu augmenté, il n’y a plus de difficultés et on devrait bientôt arriver….non ???

Je me souviens de quelques passages de gués et surtout de la tête ahurie de Pascal lorsqu’il s’arrête devant moi…je ne comprends pas de suite, pense qu’il fait une pause pour récupérer…ou pour attendre Milegas qui ne suit peut-être pas….
Je préviens GG et nous l’attendons à la sortie de la piste 500 mètres plus loin

Ils arrivent et alors que nous croyons pouvoir continuer, il nous annonce que son carter est fissuré et nous explique sa figure acrobatique que je n’ai pas vue alors qu’il roulait devant moi
La moto a été soulevée par un gros cailloux, elle a cabrée, manqué éjecter Pascal qui a faillit passer par-dessus le guidon

J’ai de grands blancs sur cette 3ème étape, à se demander si c’est vraiment moi qui étais au guidon, ça m’énerve, une grosse frustration….il faudra la refaire et bien s’en imprégner !

Pendant que Pascal éponge au maximum l’huile qui suinte de la fissure, Gégé malaxe de la pâte alu pour essayer de colmater la fuite

Milegas appelle Flo et Vince afin de les localiser et de leur demander de se tenir prêts à éventuellement récupérer Pascal et sa moto sur la remorque si besoin est
Pascal ne veut prendre aucun risque pour sa Ténéré qui n’a que 12.000 kms et décide de rejoindre le cp 3 par la route, la voie la plus directe lui indique une heure

Il doit être presque 10h...je profite du fait que nous ayons enfin du réseau pour envoyer un texto à Oligo et leur demander des nouvelles

C’est vraiment le cœur gros que nous laissons partir Pascal devinant très bien ce qu’il ressent, c’est rageant !

S’il en a pour 1 heure par la route, nous ne devrions pas tarder non plus à la finir cette 3ème étape…n’est-ce pas ???

[Mimi]

Je ne sais pas si c’est l’abandon de Pascal qui m’a plombé le moral mais j’ai un gros coup de fatigue subitement…heureusement que les pistes sont toujours aussi faciles

GG se lance à l’assaut d’un passage fait de blocs de pierres lisses, je pile histoire de voir comment ça passe, arrivé en haut, il lève son pouce pour me signifier que ça passe facile
Et là Géraud m’appelle pour me dire : « regarde qui est derrière nous ! »
Je me retourne et vois avec joie notre Oligo, c’est cool !
Ils nous ont rattrapés, bon Stef et Didou sont encore entrain de faire des photos quelque part derrière lui

J’y vais à mon tour et effectivement, les doigts dans le nez, comme quoi ! :champ:
Je signale à GG l’arrivée imminente du reste de l’équipe de MTP
Chose faite 2mn + tard, tout le monde a l’air en forme

On repart, on bifurque à gauche, dans mon rétro je vois passer le casque de Géraud tout droit…
Encore son gps qui fait des caprices, on va attendre…et il revient après quelques minutes en criant gps di merda !

Par contre, les 3 autres compères n’arrivent pas…encore des pauses photos ?

On y va, on voudrait enfin la finir, enfin voir le bout

Mais faudrait pas que je sois obligée de calculer ma trajectoire, de piloter dans du technique…

Evidemment, il suffit que cette vague idée traverse mon esprit embrumé pour que l’on se retrouve face une belle montée étroite faite de cette terre sableuse et parsemée de pierres et ça grimpe pendant au moins 2-3 kms avec des angles à prendre, des petites marches sans visibilité…
Gégé n’a pas marqué de temps d’arrêt m’empêchant de réfléchir et m’obligeant à le suivre

«et zut et flûte…. tu discutes pas, tu suis Gégé point barre !"

Il faut que ça passe, suffit de suivre ses traces en priant pour que mes bras patatras et mes mains pleines d’ampoules tiennent le coup...

Merci les MT21 qui m’amèneront tout là-haut sans difficulté, (et pourquoi Lucky et Joël ne sont-ils pas là ? Cet été, j’ai refusé une grimpette dans la forêt des Corbières et elle n’était pas pire que celle-là…si j’avais su…)
Et c’est passé, c’était beau, GG n’en finissait plus de lever le pouce tout en roulant, il était content
Il n’en fallait pas plus pour me re-booster

Tina se met à gueuler dans ma tête « you’re simply the best »

Il est trop fort GG pour m’embarquer dans des trucs de fou et me pousser à me surpasser parce-que en temps normal, je ne suis pas certaine que je l’aurai vraiment faite cette montée…
j’aurais sûrement cherché une échappatoire.
Ne pas me laisser le temps de la réflexion dans certaines situations…il le sait très bien, ce gros malin

Balayée la fatigue mentale, dieu que c’est bon et mes bras ils n’ont pas le choix, ils viendront avec moi jusqu’au bout, non mais !

Par contre Milegas ne suit plus…je propose à Gégé de redescendre mais il a peur de croiser les autres dans la montée, plein gaz
Il fini par y aller quand même....

Le reste de l’équipe MTP a rattrapé Milegas qui en a presque fini de réparer sa crevaison à l’avant
Gégé lui dit que nous allons continuer sagement et qu’il finira bien par nous retrouver sur la route ou quelque-part dans la nature...

Mon compteur ne fonctionne plus depuis longtemps, mais des bornes on en a cumulé pas mal
depuis 5h30 du mat’, non ?
J'avais dit qu'on serait au CP3 pour le petit-déjeuner….

Ben non, on remonte encore des cols en lacets pour les redescendre de l’autre côté à travers des pistes en forêt
Plein de voitures sont arrêtées, les italiens sont partis chercher des champignons
Et nous gratifient toujours d’un chouette sourire tout en s’écartant pour nous laisser passer
Cette 3ème étape est sans fin, des véritables montagnes russes, il commence à faire chaud, je ne sais pas quelle heure il est….
Résignée, je suis toujours Gégé

Quand lorsque je n’y crois plus, je reconnais enfin le village où il y a le CP nr 3 à l'autre bout
Quelle joie !

Merci Stewie, effectivement.... "I'm free"
Là il ne peut plus rien nous arriver, le plus dur est fait

Il y a ça et là, des motards affalés dans l’herbe entrain de récupérer de leurs efforts, dont Danilka, Giada et Mario le journaliste italien

On nous avait dit qu’elle serait longue cette étape et l’incident de Pascal a rajouté 1h à notre compteur
Flo, Vince et Nicolas nous attendent avec Pascal.
Le CP 3 est déjà fermé, il n’y a plus personne, normal il est déjà 12h15

Flo me tend un morceau de brioche au chocolat, ça tombe bien j’ai faim

L’organisateur leur a demandé de nous dire de ne pas faire la 4ème étape, de rejoindre le CP4 directement par la route afin de ne pas perdre de temps

Non mais ça va pas ???

J’ai tenu le coup jusqu’ici, hors de question de zapper quoi que ce soit d’autant plus que la dernière étape est la plus facile, la plus courte, la plus belle, la cerise sur le gâteau !

La fuite d’huile n’est pas trop importante sur la Yam de Pascal mais il ne veut pas faire la 4ème étape, il préfère rejoindre sa femme qui l’attend sur les bords du lac Majeur avec la voiture + remorque
Il a assez de réserve d'huile, Flo lui en a filé un bidon, il ne veut pas du nôtre au cas où nous en aurions
encore besoin, nous ne sommes pas arrivés, ne sait-on jamais

Ciao Pascal et merci pour ta tolérance envers mon rythme imposé à l'équipe
Ca me fait sincèrement de la peine de ne pas t'avoir à nos côtés pour franchir la ligne d'arrivée

Après à peine une pause de 15mn, nous nous attaquons à la dernière partie.

Il reste 70kms à faire et il nous faudrait de l’essence….
Nous demandons à nos assistants de prévenir Milegas que nous roulerons doucement dans l’espoir qu’il nous rattrape…

[Mimi]

4ème étape 12h30 – 14h30

Evidemment les stations du village boudent en ce dimanche ensoleillé…
après concertation et persuadés qu’à ce stade-là, nous sommes bénis des dieux, nous tentons le diable

En y allant doucement, ça devrait suffire et après l’Assietta, on pourra dans le pire des cas descendre le colle Basset en roue libre….
Et c’est reparti pour un tour, la SP172 ressemble à un plat de spaghettis entremêlés…
Les forts delle Valli et Serre Marie mériteraient d’être pris en photo mais je n’ai plus la tête à ça, on reviendra une autre fois

Mon casque pèse une tonne, m’enfonce les cervicales et c’est un zombie qui conduit désormais mon éléfant d’une main ou d’un bras, le gauche ne servant plus à rien, posé mollement sur le guidon, plus aucune sensation, envahi par des fourmis….même plus la force de me lever, les genoux refusent de se déplier, tant pis ce seront mes lombaires qui vont tout encaisser.... pas le choix ….hors de question de lâcher le morceau maintenant
J’ai décidé que je l’aurai alors je l’aurai ! Butée et obstinée

Tiens v’là Alain :
« On avance, on avance, on avance.
C'est une évidence :
On a pas assez d'essence
Pour faire la route dans l'autre sens.
On avance..."

Ne voyant toujours pas Milegas arriver, GG appelle Nicolas qui lui répond qu’il est en route pour nous rejoindre
Nous décidons de l’attendre là, c’est parfait, un pré me tend les bras, j’en profite pour faire le plein de vitamines D en luttant pour ne pas sombrer sinon c’est foutu...

A peine 10mn plus tard, le voilà déjà !
Il a du arsouiller grave....

Nous allons donc bien finir cette HAT ensemble

Le dimanche matin en Italie les kms doivent se multiplier par 2, ils ont du se tromper parce-que je suis sûre qu’elle fait beaucoup plus que 70kms, elle n’en fini pas…il vaut mieux que mon compteur ne fonctionne pas, j’aurais les yeux rivés dessus en permanence avec le sentiment que les chiffres ne défilent pas

Nous verrons un agent de l’ONF italien scruter les pistes avec ses jumelles
Les pistes sont ouvertes à la circulation, mais limitées à 30km/h et il s’agit de le respecter surtout si l’on veut continuer à pouvoir en profiter et à en faire profiter les autres
Il faut savoir aussi que les pistes italiennes sont très fréquentées, non seulement par des trails mais par les randonneurs, les vttistes,les 4x4, les roadsters....

L’Assietta et la Fenestrelle étaient réservées aux usagers de la HAT ce dimanche mais nous croiserons quand même d’autres motos et voitures dont une MX5 cabriolet (la passagère d’un certain âge avait l’air bien crispée quand même…)

Je ne fais que deviner les paysages magnifiques qui m’entourent mais je ne suis pas vraiment en état de savourer, plutôt dans un état second qui me commande d’avancer….
Encore lui...

"On avance, on avance, on avance.
Tu vois pas tout ce qu'on dépense. On avance.
Faut pas qu'on réfléchisse ni qu'on pense.
Il faut qu'on avance. »

Les cervicales me brûlent tout le haut du dos…les lombaires sont en compote….quelle idée d’aller se ruiner la santé pour relever un défi sur soi-même …..je vais encore me faire gronder par mon kiné-ostéo qui va évoquer le sabotage


Et dans la descente, nous dépasserons des Ducati , une scrambler 250 ou 350 monocylindre et une 250 ou 350 ou 450 desmo monocylindre avec guidons bracelets et ensemble selle réservoir en poly.…sont vraiment tarés ces italiens d’emmener leurs véhicules pas du tout adaptés faire du TT!
Ils ont du rouler à 10 à l’heure pour pouvoir s’y promener

Enfin le retour sur goudron, heureusement qu’il n’y a pas de 5ème étape !

Django débarque avec son Minor Swing suivi par le duel Banjo et guitare de Délivrance..YYYEEEAAAHHH !

Pas de station-service dans l’avenue principale à Sestrière et pas envie de tourner en rond pour en chercher une, plus une minute à perdre, faut enfin arriver et de toutes façons ça ne fait que descendre jusqu’à l’arrivée
Nos éléfants ne vont pas nous lâcher maintenant quand même

Descente qui se fera raisonnablement en enquillant les virages successifs jusqu’à Cesana Torinese ou à la vue des motos garées de l’autre côté de la rive à l’arrivée, mon juke-box se déchaîne à fond sur
Footloose

Et j’entraînerais bien le 650 dans une prestation digne de Kevin mais ce n’est pas le moment de se donner en spectacle et de se planter devant tout le monde

Notre fan club (Nicolas, Flo et Vince) est aux premières loges pour assister à notre arrivée avant le resto


La blonde de la fédération Motocycliste Italienne depuis son stand ameute tout le monde :
« I francesi, i francesi !» et me saute au cou à peine descendue de la moto pour me faire la bise
« bravissima, bravissima » et me félicite aussi parce-que mes tresses sont dans le même état qu’au départ (y a vraiment qu’elles !)

et le Gégé qui me dénonce

Milegas est tout content

Le collègue de Corrado me demande si nous avons fait la 4ème étape où si nous sommes venus par la route comme il l’avait demandé et voici ma réponse :
- « io ho pagato per fare tutto il percorso allora, abiamo fato anche la quarta »
J’ai payé pour faire toutes les étapes du parcours, alors nous avons aussi fait la 4ème
-“incredibile”….Il éclate de rire et me fait lui aussi la bise

Sur ce arrive notre fan club et le grand chef, Corrado qui nous félicite à son tour

Heureux de constater que tout s’est bien passé, mise à part l’abandon de Pascal mais surtout qu’il n’y a pas eu de blessé cette année.
Il m’avait envoyé un mail perso me disant qu’il espérait me voir arriver en pleine forme au CP4 cette année,
j'ai tenu parole

Soyons un peu sérieux

Je ne réalise pas de suite « l’exploit » accompli…mes neurones arriveront plus tard…il faut que j’envoie un texto à nos filles pour les rassurer, elles n’ont plus eu de nouvelles depuis hier soir, j’aurai aimé qu’elles puissent être là. Une explosion de sentiments se fait dans mon esprit, fracassée mais tellement soulagée et surtout très contente d’avoir pris ma revanche sur l’an dernier et de n'avoir déçu personne

J’étais tellement sceptique, il y a encore 24h….
Je peux débrancher mon jukebox qui m’accompagne dans toutes mes sorties motos même si le répertoire n’est pas toujours terrible…..désolée, je ne suis pas toujours maîtresse du choix de mes neurones, tout dépend du vécu du moment présent

Je vous rassure, je ne chante pas à tue-tête, pas envie d’effrayer d’avantage la faune ou de provoquer la pluie…..

Punaise je l’ai fait, je l’ai vraiment fait, je l’ai eu !

Autour de moi, nombreux seront les anonymes qui me féliciteront juste avec un regard, des pouces levés….ainsi que Mario, Danilka, le copain de Giada qui le feront de vive voix
Merci pour cette superbe ambiance, cette symbiose qui unit tous les participants

Giada qui a du abandonner est sincèrement contente pour moi mais ça m’embête de ne pas voir Vlasta, elle est déjà repartie après avoir elle aussi fait tout le parcours
Nous ne sommes que 3 filles à participer mais sans hargne, ni jalousie

Le reste de l'équipe MTP est arrivée bien une heure après nous mais ils sont restés manger dans un snack au CP3
à Pomaretto
Oligo a plongé avant de reprendre le guidon de sa 990 pour rentrer à Marseille

Adrénaline c’est ma grande copine !

Impressionnant de voir les ressources dont dispose le corps humain, en temps normal, il me faut mes 8 heures de sommeil et généralement après une petite sortie TT d’une journée environ 150-200 kms, on est plus ou moins bien fatigués
Là on en a fait 380 en TT et 200 sur petites routes de montagne avec tout ce que cela implique de concentration et d’attention surtout sur 24h, je vais donc relativiser à l’avenir…

Nicolas et Didou prendront le relais au volant pour ramener la tribu à la maison
Arrivés le dimanche vers 22h30, ce pov' Didou va encore se farcir le retour chez lui tout seul
Un grand merci à toi pour le transport
C'est la raison bien plus que l'envie qui nous a poussée au dodo vers minuit, Nicolas a repris la route vers la Dordogne à 6h du matin pour pointer à son boulot à 13h et Gégé était fidèle à son poste le lundi matin à 8h. D’ailleurs, il ne restait dans son réservoir qu’1,5 litre lorsqu’il a fait le plein avant de rentrer le soir…

Le plus dur ce n’est pas de la faire la HAT, c’est d’en sortir après….

Des images se succédaient sans cesse durant la journée, essayant de me souvenir par où nous étions passés, et dans quel ordre et cette fatigue qui refuse obstinément de me tomber dessus…
Pendant une semaine, j’en ai rêvé toutes les nuits, me réveillant en sursaut à 3h du matin, allant jusqu’à confondre les lampadaires que je voyais sur le parking avec des phares de motos perdues qui tournaient dans la nuit
Je n’ai jamais pris la moindre substance illicite mais ça doit pas mal y ressembler

Une furieuse envie d’y retourner pour confirmer que j’en suis vraiment capable, que ce n’était pas un simple coup de bol cette année….

Mais nous avons zappé deux années de suite le rassemblement national des Eléfants qui se tient en Auvergne au même moment et on a promis à nos amis que nous y serions l’année prochaine !

A moins qu’ils ne décalent la date…..

[bro7]

Vraiment super CR Mimi!

Je crois que vous donnez envie à tout le monde d'aller y faire un tour l'année prochaine!!

[Caum]

Bravo, je suis resté scotché à lire ton CR. C'est tout simplement extraordinaire . Bravo encore à vous tous pour cette belle aventure )

[Pitchoune]

Bravo Mimi, super cr. J'ai l'impression d'y être pour la 2nde fois

[Mimi]

Merci, merci

Je souhaite à tout ceux qui ont envie de le faire, de pouvoir vivre cet évènement vraiment très particulier
Le moral doit être bien accroché et il faut surtout bien connaître et choisir son équipe, c'est primordial, ne pas attendre la HAT pour rouler ensemble

Nicolas m'avait demandé dimanche soir si je la referais....
J'avais les cervicales en vrac, le bras gauche était "mort" je lui ai répondu :
" - non c'est bon, j'ai réussi une fois, super contente mais je suis tellement fracassée, pas envie de ruiner ma santé !"

Faudrait pas me poser des questions comme ça après plus de 40 heures sans sommeil, (très mauvaise nuit de vendredi à samedi, debouts à 6h du mat samedi jusqu'au dimanche soir minuit) j'ai tendance à dire n'importe quoi

J'ai retrouvé la vidéo du départ :


Traduction : (plus ou moins dans le désordre)
"Et voici l'équipe nr 19, les français avec une des 3 filles qui participent cette année
(avec les applaudissements... pour moi qui aime la discrétion c'était raté )
Sur une moto contraire à ce que l'on voit d'habitude (chez les filles)
Une Cagiva molto, molto bella (pas besoin de traduction, hein ) la même que son mari
Ils étaient déjà là l'an dernier, son mari avait fait tout le parcours et elle est très très motivée pour recommencer
Elle n'avait pas pu finir à cause d'une blessure mais on est certains qu'elle sera à l'arrivée cette année... "

[Comptesupprime]

Commentaire supprimé

[xl600]

Ah ouais ?

Stef

[Comptesupprime]

Commentaire supprimé

[GéGé]

Moi je trouve que le "pétage de plombs" a quelque chose de salutaire et de sympathique dans une équipe, parce que c'est la preuve - et ça c'est essentiel pour moi - qu'on prend l'expérience collective au sérieux et qu'on se sent concerné par l'aventure et un peu responsable les uns des autres.

Il y avait cet esprit de compétiteurs - pas de compétition - entre nous, chacun en voulait, chacun s'accrochait, les uns se battaient contre la fatigue et la partie cycle de leur bécane (Pascal), les autres contre le sort qui les avait éliminé l'année d'avant (Mimi), certains contrôlaient leurs ardeurs, l'envie de mettre du gros gaz et d'étriper le gars qui leur avait filé ces p.. de traces gps (sûrement Géraud et moi ).

A chaque fois on est content de l'avoir fait ensemble, fier de l'avoir enduré jusqu'au bout et en même temps frustré, parce qu'on voulait y arriver avec l'équipe du départ au complet, parce que là seulement le bonheur aurait été total.

GéGé

[cflo2chato]

en tout cas, un grand bravo, pour ma part je ne pense pas être capable d'un tel exploit à ce jour. de plus les comptes rendus de Mimi sont vraiment bien écrit, certains journalistes peuvent retourner à l'école (EJCM par exemple, me femme en sort ). mais je ne connais pas sa formation/métier.

et y a t il des sorties/épreuves similaires mais moins longues, type 6h00?

continuez à relever de beaux défis, laisser Mimi faire des beaux comptes rendus, et nous aussi seront contents

Christian

[jeanmi]

je me répète encore, mais BRAVO!!
On a du mal à imaginer la fatigue ressentie après ce roulage d’enfer.........mais quand on lit ton CR et l’état dans lequel tu étais à la fin, on commence à voir

[Mimi]

Très touchée par vos compliments et félicitations, merci beaucoup
mais faut arrêter de lancer des fleurs maintenant

Mais non je n'ai aucune formation de journaliste, je suis une grande bavarde et j'aime surtout partager les beaux moments, en faire profiter les autres et leur donner envie, leur montrer que c'est à la portée de tout le monde puisque moi je l'ai fait

Sans la patience de mes potes pilotes, ça n'aurait pas été possible

Contrairement à d'autres et surtout Gégé (c'est celui que je connais le mieux, hein ) je suis incapable de prendre des courbes tout en glisse sur la roue arrière (qu'est-ce que c'est beau pourtant ) (les rares fois où je l'ai fait, c'était involontairement avec de grosses suées après ) ni de maitriser mon éléfant dans des dérapages ou dans des freinages d'urgences sur pistes quand ça part en cacahuètes alors j'évite de provoquer ces situations,
j'ai besoin de savoir ce qu'il y a derrière le virage avant d'y aller à fond...quand la vue est dégagée et qu'on ne dérange personne, c'est ok, j'y vais aussi
Nous étions bien d'accord au départ, rien ne sert de courir....

Ceux qui nous avaient dépassé comme des fous furieux à divers endroits, nous les retrouvions entrain de ronfler profondément à la 2ème étape... ....apprenant qu'ils avaient finalement zappé la 3ème...pour aller directement à la 4ème

A part Gégé, il n'y avait pas de sportif dans notre équipe et il valait mieux répartir nos efforts sur 24h plutôt que de tout dépenser dès le départ et nous retrouver épuisés rapidement

J'ai le souvenir d'un week-end TT avec nos amis italiens où nous roulions très fort tout le temps, toute la journée...
Ben j'étais franchement épuisée, vidée le dimanche soir

Nous avons gagné beaucoup de temps, malgré notre roulage tranquille certes, parce-qu'il s'est fait en continu sans pauses inutiles
Les seuls arrêts étaient dédiés aux pauses-pipi, sans oublier les ennuis mécaniques, de ces messieurs et pas question de traîner après en bavardages

Bien-sûr que je regrette un peu de ne pas avoir pris certains endroits en photos (paysages, passages un peu corsés...) mais je n'étais pas là pour ça....
Chacun son boulot, hein

Après évidemment y a les surdoués de la poignée de gaz qui arrivent à shooter dans tous les sens pour nous ramener un super reportage

Impatiente de le lire en version française et italienne pour revivre encore une fois tout ça