Andalousie - avril 2007

[Mimi]

Mon premier voyage à dos d'éléfant, mes premiers tours de roue sur un gros trail

13 ans que je voyage sur mon Sportster 1200 avec nos filles assises derrière.
Elles ont commencé à voyager avec nous lorsque j'ai passé mon permis en 93
L'ainée avait 8 ans et la petite 5 ans1/2
(1996 - à l'époque où il était encore en 883, c'est la rouge à droite . Gégé est à gauche sur son 1340)

mais j'ai découvert récemment le TT sur une 125 et j'adore ça !

Pour pouvoir suivre les copains qui se déplacent en Eléfant et qui envisagent d'aller en Andalousie et d'y découvrir des pistes, il me faut impérativement un gros trail.
Gégé a acheté un Eléfant il y a un an déjà et sincèrement ces deux roues ne me plaisent pas sans compter que c'est haut et lourd

Nous sommes allés voir divers trails d'occasion
Seule exigence de ma part, un moteur ayant la pêche avec un bruit sympa et pas un bruit de casserole ....je dois me résigner et avouer qu'il n'y a que Ducati qui sait faire ça

Gégé va me chercher mon Eléfant dans le Doubs fin février pour 900 euro.
Il revient par la route de nuit et arrive à peine décongelé à 6h du matin avec le nouvel engin.
Si ça ne me convient pas on le revendra au retour

Révision totale de la bestiole, changements de tous les consommables, re taillage de la selle pour que mes doigts de pied puissent toucher le sol.
Premiers tours de roue juste une semaine avant le départ, pas évident...la conduite est à l'opposé de ce que je connais
Les demi-tours ne sont pas évidents surtout avec une moto chargée mais j'ai droit à un entrainement intensif puisque nous allons souvent nous tromper de route ou changer d'avis

Alors que je trouvais le look de l'éléfant un peu vilain, une vraie révélation s'impose
Très vite je le trouve absolument génial et au retour après près de 5.000kms en 15 jours, je décide de vendre mon Sporster un peu à contre-coeur bien-sûr
Mais il n'est pas assez polyvalent et moi je ne suis pas prête à renoncer au bonheur de passer d'une petite route à une piste sans réfléchir... il fera le bonheur de quelqu'un d'autre

Gégé et moi sommes partis une semaine avant les autres pour faire du tourisme

Alcaniz

et nos premiers bocadillos

en route vers Teruel

un de nos nombreux demi-tours....y a pas de piste par là !

départ d'une piste à Las cueva de Canart

en fait une autoroute

Gégé :
- Les paysages se succèdent à un tel rythme qu'on a du mal à suivre: entre la chaleur de la piste et cette photo, il n'y a que quelques dizaines de kilomètres - mais des centaines de virages!

Teruel vaut vraiment le détour

[Mimi]

Albarracin,très beau village médiéval fortifié, très bien conservé

avec chouette camping sur les hauteurs mais début avril, ça caille bien la nuit surtout quand on n'a
emmené que des sacs de couchage d'été pour gagner de la place sur les bécanes
L'avantage c'est que t'apprends à demander en espagnol une couverture à la proprio du camping

" Tengo muy frio, puedo tener una manta por favor ? " et ça marche !
Elle a eu pitié et nous a même proposé des chaises pour nous asseoir mais nous sommes bien sur nos top-cases

plateau de charcuterie et petit vin local pour ne pas penser au fait qu'il va faire froid la nuit d'après

Cuenca ville superbe inscrite au patrimoine de l'humanité

on retourne à notre camping par là

et puis par là...on finit par rejoindre Albarracin par Valdecuenca

le lendemain, on ne résiste pas à l'appel de la piste de Bezas à Tormon en quittant Albarracin

et finalement Phil, Evy et Pierre nous rejoignent une semaine après dans la région de Valence
pour continuer ensemble jusqu'en Andalousie

Phil :
Propulsés par 800 Kms de voie express, nous frappons le coeur de Castille La Mancha un peu comme une météorite.
S'échouant brutalement à l'endroit même où Gérard et Mireille laissaient paître leurs Bifaro, nous les emportons avec fracas sur notre passage.
Et c'est un peu désapointés et déboussolés qu'ils se laissent entrainer par le souffle puissant des deux 900.

De là commence enfin notre voyage.
L'histoire d'une drôle de caravane, deux Bifaro, un 900 Elefant et un Gran Canyon en route vers l'Andalousie.
Le couple de Bifariste baignant déjà depuis plusieurs jours dans la douceur de vivre Catalane, calme d'entrée de jeu nos esprits en nous faisant découvrir les charmes des petites routes fantômes, celles qui n'existent sur aucune carte, celles qui se dévoilent uniquement à ceux qui les cherchent vraiment.

Gégé :
Des routes extraordinaires, une équipe au complet (on ne savait pas encore qu'elle n'était pas vraiment au complet); en route pour l'aventure....en fait l'aventure c'est que Pierre a semé ses rayons en terre espagnole comme la jeune femme Larousse son pissenlit dans le vent.

Notre ami Toane, créateur du forum des éléfants, nous appelle tous les soirs pour nous demander
si tout se passe bien....

[Mimi]

Phil :
C'est dans cet état d 'esprit que nous arrivons aux portes de l'Andalucia, calmes, sereins et curieux.
Cette sérénité aurait pu durer indéfiniment, mais il était écrit que ces vacances seraient intenses.

Andalousie nous voici !

après une journée à arsouiller sur les petites routes, camping de Siles le soir

la Gran Canyon de Pierre a déjà perdu deux rayons....

encore un coup de fil de Toane....
Je ne réponds pas, nous sommes en vacances pas en reportage pour le forum

C'est Phil qui le rappelle et au passage lui dit que nous nous sommes posés pour la nuit....

A peine 30mn plus tard, on le voit débarquer au camping avec Clem
En fait, ils sont partis de Biarritz pour nous retrouver
Enorme et très chouette surprise

Phil :
Nous le comprenons à l'instant même où le barrissement de deux Elefants résonne à l'entrée du sympathique camping de Siles ; couvert de boue et de poussiere Toane et Clem nous font l'énorme surprise et l'immense plaisir de nous rejoindre ici, à l'entrée de la Sierra de Cazorla, à la source du Guadalquivir.
Moment exceptionnel que ces retrouvailles, la chaleur dégagée par cette réunion brûle encore le ciel d'Espagne bien plus fort que son célèbre soleil.
Merci Toane
Merci Clem

c'est donc un peu plus nombreux que nous reprenons la route le lendemain

Phil :
Nous voilà maintenant un troupeau, Clem et son Monofaro de combat, GG et Mimi sur leurs deux fidéles Bifaro, Toane avec son 750 AC hyper affuté, Pierre pilotant son Gran Canyon Supermotard puis bien sur Evy et moi sur le vaillant 944 AC. Un sacré morceau de Elefantriders.fr, non ?

Et ce terrible troupeau enquille gravement les montagnes de la Segura de Cazorla, les virages s'enchainent sans relâche, aucun bout droit, aucun. Toujours d'un angle à l'autre, jamais deux virolos pareils, la folie.
Toute l'Andalousie sera comme ça, une enfilade permanente de courbes pendant 3000 Kms.

pause pique-nique sur les berges du guadalquivir avant de vouloir attaquer des pistes...

A peine 1/4 d'heure après notre arrivée un garde de l'ONF se gare à proximité et attend...
Lorsque nous partons il nous annonce que nous n'avons pas le droit d'emprunter la piste
Nous négocions en lui montrant le panneau qui interdit aux véhicules de sortir de la piste
ce qui n'est pas du tout dans nos intentions...
(dessin qui montre un enduro grimpant sur les hauteurs à l'écart des pistes)
Il ne veut rien savoir et nous ordonne de faire demi-tour

et finalement la suite nous dira qu'il a bien fait de nous obliger à reprendre la route...

Pierre perd encore un rayon et sa moto devient inconduisible
Bataille avec l'assistance qui ne veut pas comprendre que "rayons cassés" ne veut pas dire "jante à changer"...
Appel, questions... Attente, réponses puis requestions...reattente...
L'après-midi a été une sorte de ping-pong téléphonique très énervante.

Je lui dis qu'il doit rejeter toutes leurs propositions et exiger le rapatriement, par expérience, je sais que ça marche.
Un taxi viendra le chercher pour l'emmener à l'hôtel de Grenade, avion le lendemain jusqu'à Lyon et re-taxi jusque chez lui (environ 100kms)
La moto suivra plus tard...

Phil :
C'est sûrement cela que le Gran Canyon n'a pas aimé
Il décida de déposer les armes sur la place principale de Cazorla la Blanche, laissant Pierre sur la touche, là devant le versant Nord de la Sierra Nevada.
Quatre rayons de la roue arrière cassés, un taxi, un dernier regard triste jeté sur nous autres, l'avion et la fin des vacances pour Pierrot.
L'image de notre pote s'éloignant dans la Mercedes grise nous donne un coup de froid dans le dos, mais devant nous s'ouvrent les pistes de la plus haute montagne d'Espana et comme un aimant elles nous attirent irrémédiablement.

et nous continuons sans lui

toujours vers le sud

[Mimi]

Phil et Evy

me

Clem

Fin de la piste....

c'est l'heure de la pause

avant d'aller encore plus vers le sud

et d'arriver au bout à Capo de Gata

[Mimi]

Phil :

Plutôt que d'attaquer l'alpage de front, nous préférons, peut-être impressionnés, glisser sur son flanc vers le pays magique.
Je veux parler de la région du Capo de Gata et de son désert de Tabernas, décor des plus fameux Western où nous laissons à la mémoire de Sergio Léone de larges traces de crampons

Du haut de ses sommets jusqu'au fond de ses canyons nous jouerons à l'équipée sauvage, nous nous perdrons plusieurs fois dans ces entrelacements de pistes, bien aidés par nos GPS, fantastique outil, on avait rien inventé de mieux pour se perdre depuis la nuit des temps. Heureusement certains d'entre nous, de vieux sages, savent encore lire dans la position du soleil et des étoiles.

Le départ de la piste au fond du village fut très dur à trouver par les GPS
Nombreux demi-tours ce matin-là....
Gégé a regardé l'heure, la position du soleil, l'objectif à atteindre et zou, à travers le dédale des ruelles
nous avons enfin débarqués sur le début de la piste

Nijar

Roches mauves au-dessus de Nijar, photos non retouchées
Phil et Evy

Gégé

Toane

Le relais de Colativi à 1368m...grâce à lui, on a réussi à savoir où nous étions sur la carte

avant de reprendre d'autres pistes

[Mimi]

Il est près de 15h et même si la poussière espagnole est excellente, ça ne remplit pas un estomac !

avant de reprendre d'autres pistes qui nous ramèneront au bord de mer

Phil :

Aprés cet intermède tout terrain et tout puissant, Clem et Toane nous tirent leur révèrence, une longue diagonale à travers la péninsule les attend avant de rejoindre la Basquie.

[ptiju0774]

youhouuuuu!!! encore des histoires!!! joli trip! en reparler 7ans apres ça doit te faire du bien!

merci

[Mimi]

Je n'ai jamais fait ce CR sur MTP parce-que je ne connaissais pas encore ce forum

Disons qu'à l'époque j'avais vaguement entendu parler de bonhommes qui roulaient en gros trail dans la région de Marseille et qui étaient membres d'un certain forum MTP....
Paraît qu'ils étaient très sympas en plus ces types-là

Notre voisin Phil et Gégé avaient fait 1 ou 2 sorties avec eux et avaient trouvé ça génial !

Si je voulais les accompagner un peu plus loin que dans mon jardin, il me fallait là aussi un trail un peu plus puissant que ma 125 DR

Je mettrais le lien vers la galerie photo (avec texte sous les photos) à la fin du CR peut-être que ça pourra aider ceux qui veulent y aller à leur tour à trouver des infos....

[Mimi]

Phil :
De nouveau la partie change, nous nous retrouvons deux Bifaro, Gérard et Mireille et un 900AC Evy et moi. Le Roi et les valets nous ayant quitté, reste les quatre as pour affronter les difficiles et pourtant fantastiques routes qui mènent au sommet des 3000 mètres de la Sierra Nevada.

Je crois pouvoir affirmer que nous les avons toutes faites, du moins toutes celles soulignées de vert sur la carte Michelin.
On doit pouvoir appeler ça la route aux 100 000 virages !!!! Je vous jure qu'en vingt ans de bécanes je n'ai jamais enquillé autant de virolos. Je ne croyais jamais pouvoir m'en lasser, et pourtant un instant j'ai douté !!! [/color][/i]

Puerto de la Raga à 2650m, ça caille !Une petite pluie limite neige, nous tombe sur le bout du nez...
On est félicité de notre expédition par des mouflons et des daims qui traversent la route devant nous, trop beau

et il fait ça en chantant superbement bien

le Maroc n'est pas très loin...

Phil :
Heureusement (ou malheureusement) Granada la Magnifique nous ouvrit ses portes le temps d'une journée. Visite de la Alhambra, de la vieille ville, de ses petits fabriquants de guitares, de ses ruelles désertes, des ses places bondées, de ses musiciens itinérants, de ses tapas et de ses jolies filles...

Pour finir cette étape comme il se doit, nous campons ce soir là à 1500 mètres d'altitude, sans eau chaude, sans gaz et sans électricité. Seul un feu de camp et une bouteille de Chamaco nous permirent de tenir jusqu'au matin.

Nous sommes les seuls clients de ce camping, dont le patron a ouvert les grilles pour nous...
Nous avons essayé de voir si l'une ou l'autre caravane n'était pas ouverte tellement il faisait froid !
J'ai passé la nuit à claquer des dents !

Visite de Grenade et de l'Alhambra le lendemain

Le nombre d'entrées est limité et se fait par tranches horaires
Nous ne savions pas qu'il était possible de réserver les billets à l'avance sur le net.
Ca nous aurait évité de faire la queue pendant 2h...

Mais ça valait le coup, c'est vraiment magnifique

[idwan]

Rhaaaaaaaaaaa c'est beauuuuuuu!

[Mimi]

Phil :

Un petit matin ensoleillé et bienvenu, puisqu'il éclaire devant nos tentes le Mulhacén enneigé vers lequel nous allons faire route.

Encore et encore de belles courbes, de grands virages cette fois, de ceux où l'on se cale franchement sur les gaz, la roue arrière en légère dérive sous les cris de douleur des crampons. Les pots libres crachant à pleine voix les dizaines de chevaux que la terre des déserts avait jusque là retenue

Phil :
Maintenant sonne pour nous l'heure du retour, mais avant nous décidons d'aller faire une visite de courtoisie aux habitants de Guadix. Drôle de peuple à première vue puisqu'il vit sous terre!!
En effet ils creusent leurs demeures dans la roche ne laissant apparaître que la façade de la « maison » collée au flanc de la montagne. Incroyable. Et pourtant lorsqu'on connaît les températures qu'affiche ici le thermomètre en été, on comprend tout de suite leur choix.

Phil :
Pour la remontée de l'Espagne, comme pour la descente, nous nous laissons guider par Gérard et Mireille, véritables sourciers de la route, ils savent trouver les veines qui traversent les terres.
De petits chemins en jolis villages, de forêts en plaines, de lacs en rivières, de bistrots en tavernes, ils nous remonteront en douceur vers la civilisation moderne et son brouhaha permanent.

Merci à tous les protagonistes de ce drôle de périple avec qui j'espère encore goûter de nombreuses tranches du monde

Phil the Bike

Eglise d'Ubeda - patrimoine de l'Humanité

on s'est pris des grosses pluies en altitude sur une centaine de bornes, on s'est pelés, mes pieds étaient trempés mais qu'est-ce que les routes étaient belles

Santuario de la Virgen de la Estrella à 1600m, on vient de se rendre compte qu'on s'est trompé de route ,
pas grave, elle était défoncée mais superbe

Gégé :
C'est le genre d'endroit, émergeant de la brume et lumineux comme le phare du marin dans la tempête, où on sait qu'on DEVAIT passer et où on devait s'arrêter, ne serait-ce que pour le temps d'une photo et d'une pensée à ceux qui nous manquent...

Hôtel Los Arcos à Vilafranca Del Cid. Le top pour notre dernière nuit, 35 euros, le garage perso de la patronne qui habite à 300 mètres, mis à disposition pour les motos.
C'est sûr que l'image du baroudeur en prend un coup...mais on assume

J'y mangerais un excellent espadon grillé + poivrons et patates à 5 euro
et les garçons pourront enfin goûter au fameux Carajillo
(sucre, téquila ou autre et café)

le lendemain, pas le choix, il va falloir tracer pour entrer
Il nous reste près de 700kms à faire mais avant de monter sur l'autoroute au sud de Barcelone
on se fait un dernier plaisir

Viva Espana !

Gégé :
Et dire qu'à force de préparer toujours le trip suivant on en arrive parfois à - presque - oublier ces moments magiques où comme en Espagne notre groupe s'est amorcé, constitué, complété, puis disséminé mais en laissant derrière lui, au dessus de la trace des crampons, notre sueur, nos rires, notre âme. C'est vrai qu'on a vécu ces journées avec toutes nos tripes, notre passion et en même temps cette faculté du voyageur à s'extasier devant la Beauté des lieux et des gens.
Merci à tous ceux qui ont participé à ce voyage et merci à Phil pour son talent à saisir et à retracer l'indicible si présent.
GG

lien vers les albums-photos
cliquer sur Voyage en Troupal et ensuite Andalousie
http://diapos.elefantriders.fr/

[Chatothierry]

merci Mimi

[Phil the bike]

Merci Mimi pour ce joli compte rendu d'un voyage pas si ancien et pourtant presque oublié tellement la vie avance à grandes enjambées.
C'est très sympa de revoir ces images qui nous rappellent tant de bons moment passées sur les routes à vos côtés, et sympa aussi de relire ces textes écrit à chaud sous le coup de l’émotion, tout plein de belles envolées lyriques qui nous donnent aujourd'hui encore le sourire au lèvres... et de nouveaux rêves plein la tête

Merci Mimi, merci Gégé