
70 participants, 42 arrivants !
Beaucoup d'équipes ont zappés les parties difficiles et ont pris des portions de route
Et contrairement à ce qui était annoncé, il y a quand même des passages sacrément techniques
et je crois que j'ai bien fait de me faire mal

Même Gégé a avoué qu'ils en ont bâvé, le plus dur étant le passage dans un pierrier à 4h du matin ou encore
cette descente longue de 3Kms à 30%, avec plein de grosses pierres qui remontait ensuite
L'orientation au GPS a bien fonctionné
Départ à 14h45 pour la 1ère étape 140kms à faire en 5h
Nous partons avec nos amis, les éléfantistes italiens
Banderole en hommage à Claudio Castiglione décédé cet été à l'âge de 63ans Gégé, Walter, James, Pascal et moi. Il manque Danilo sur la photo,
il a bossé jusqu'à midi et est venu nous rejoindre à 13h
J'étais en pleine forme, tout allait bien, le bifaro passait bien, il grimpait partout
et si j'ai stressé à mort avant le départ,
c'en était fini dès que nous sommes partis avec l'impression d'attaquer une belle sortie TT avec nos potes
dans un rythme très soutenu comme d'habitude avec les italiens (ils sont épuisants

Les premières pistes sont faciles et puis le degré de difficulté augmente progressivement... Gégé en profite pour faire une démonstration de salto avant dans un profond ravin Lors d'une réception suite à un saut sur une grosse bosse, la bavette du garde-boue avant s'est coincée dans le sabot et a bloqué la direction vers la gauche.
La moto a fait demi-tour tout en éjectant Gégé qui a fait un vol plané dans le ravin, la moto a été miraculeusement retenue par deux troncs d'arbres, tête en bas, avec les pneus en l'air
Gégé a été arrêté grâce à une grosse racine mais s'est entaillé la main gauche...
Et les fous-rires quand on a réalisé qu'il n'y avait rien de grave que Pascal a dit à Gégé qu'il avait passé l'âge
de faire des cabrioles pareilles et qu'il n'avait pas intérêt à recommencer

Il a fallu descendre en rappel à l'aide d'une corde pour aller récupérer le gps qui s'est envolé aussi
Le temps de redresser le guidon qui s'est retourné, de replacer 3-4 bricoles, de voir que le pneu arrière est imbibé d'huile
mais la terre des pistes va sécher tout ça, nous continuons...
Dans une montée raide en forêt, sur un terrain de terre, sable et cailloux, succession d’épingles étroites et serrées, je négocie mal un virage parce-que trop proche de Gégé, je pose la moto par terre mais sans gravité....
Ensuite une vicieuse épingle à gauche arrive, je la prends tranquillement, la roue avant dérape et la moto "part" dans le devers, sachant ce qui m'attend, je la ralentis, suis presque à l'arrêt mais je sais que je n'arriverais pas à la rattraper vu son poids et la laisse partir tout en essayant de m'écarter afin de ne pas finir dessous

Ma jambe gauche posée à terre, comme collée et tout le reste du corps qui "vrille" au-dessus de genou vers la gauche et me jette en arrière, la tête la première
Ca craque, je suis par terre et ça fait mal (y a plein de gros mots qui me passent par la tête mais ce serait indécent de les citer ici)
Pascal me relève et me pose de côté (il est fort Pascal

Pendant qu'avec Gégé il relève la moto, je commence à bouger le genou... ça va, il plie mais je sais pour avoir déjà vécu une situation à peu près identique il y a 3 ans, que très rapidement ce sera bloqué

Je dis aux garçons, qu'il faut qu'on se dépêche de sortir de cette forêt dans laquelle on grimpe depuis un bout de temps, que l'on retrouve vite la civilisation
Encore un bout de piste à faire, debout pas le choix vu le terrain cassé, mais lorsque je passe les vitesses, j'ai l'impression que mon genou part un peu en vrac

Je termine quand même en roulant assise dès que la piste le permet
Pas le temps de traîner, on continue et au bout de 20mn, on fini par arriver dans un tout petit village (5 maisons loin de tout) où d’autres participants attendent, reprennent des forces, avant de continuer
Je n’arrive plus à m’appuyer sur la jambe gauche pour descendre de la moto et je sais que pour moi la HAT s’arrête-là

Pascal me dit :" quand j'ai vu ton genou partir dans un sens et toi dans l'autre, j'ai compris de suite que c'était fini pour toi"
Les italiens ne nous ont pas attendus, ils sont déjà repartis.
Ils ont fait passer le message qu’ils nous attendraient plus loin
J’appelle Nicolas (notre ami-assistant-accompagnateur) à 18h pour lui demander de venir me récupérer, nous sommes à 120kms du camping où il est entrain de préparer une thermos de café à apporter à la fin de la 1ère étape…
Pascal s’inquiète de savoir s’ils peuvent continuer étant donné qu’ils ne seront plus que deux
Je lui réponds qu’il est hors de question d’arrêter et qu’ils ont intérêt à arriver au bout
Le voilà rassuré

Un motard italien qui ne participe pas, mais est venu là pour voir ses copains déboucher de la piste, va m’accompagner par la route jusqu’au prochain village qui est à 17 kms au point de RDV fixé avec Nicolas
Je remonte sur la moto, force pour plier le genou et on y va, le coeur gros

Finalement nous roulerons plus de 50kms jusqu’à ce que nous croisions Nicolas avec la voiture + remorque
Ben oui, c'était idiot de s'arrêter et d'attendre au bord de la route, ça nous a fait gagner du temps
La route était belle et viroleuse mais on se traînait lamentablement à 50km/h, j'avais envie de lui dire d'accélerer
je voulais en profiter sachant que je ne remonterais certainement pas sur une moto avant un bout de temps

Mais lui avait peur que je n'y arrive pas, il aurait fallu qu'on se mette d'accord avant

L’italien aide Nicolas à charger mon éléfant sur la remorque et nous retournons au camping afin que je prenne une douche
Aucune envie d’aller à l’hôpital mais plutôt d’aller voir notre équipe à la première pause, c'est plus important pour moi
Gégé et Pascal sont arrivés vers 21h30, nous les rejoindrons vers 22h
Certains m’ont l’air déjà bien fatigués et très poussiéreux
Je traîne méchamment la patte et nous mangerons un bon plat de pâtes en compagnie des participants.
Les organisateurs me donnent un sac de glaçons pour le genou et me conseillent d'appeler EuropeAssistance
(souscription obligatoire avant le départ) mais non, je veux profiter de tout ce qui se passe autour, de cette super ambiance où l'entraide et l'amitié arrivent en tête de liste, continuer à participer à ma manière
Butée et obstinée

ami éléfantiste italien. Des vrais champions

Gégé a une pêche d'enfer grâce au redbull, coca, café qu'il a ingurgité avant le départ
Danilo tient bien le coup aussi mais Pascal fera des micro-siestes (fait préciser qu'il est parti depuis Metz en moto le vendredi, 900 kms, arrivé à 2h du mat')
Ils arriveront à la 2ème étape à 4h45 du matin, à la 3ème vers 11h30 où nous les avons attendus
Toujours pas question pour moi d'aller à l'hôpital, je ne veux pas rater leur arrivée

Ils finiront vers 15h30 à Cesana Torinese
James abandonnera aussi avant la fin de la 1ère étape, il est tombé plusieurs fois sur le même genou
et ira à l'hôpital où ils lui feront une infiltration
Walter ne fera que la 1ère et dernière étape
De temps en temps, tout au long du parcours, les équipes se retrouvaient...
Claudio sur son AT rouge qui avait fait la Motonightmare avec nous en décembre 2010 L’honneur des Cagiva Eléfant est sauvé et ils ont été félicités à maintes reprises d’être allés jusqu’au bout tout en ayant fait la totalité du parcours - 26 heures de TT non stop - rochers +grimpette+sable+gras dans un début de bourbier pour le final
Je n'en ai fait que 80kms mais ils étaient très chouettes, 2 petites chutes mais je n'ai rien cassé sur ma moto, c'est bien là l'essentiel, non


Retour à la maison dimanche à 22h, dodo à 0h30, Gégé est allé au boulot lundi matin à 8h30 en me déposant à l'hôpital au passage.
Je n'ai pas encore les interprétations, mais d'après le médecin, j'ai une grosse entorse du ligament interne et des lésions sur les ligaments croisés.
Immobilisation, orthèse,infirmier tous les jours pour piqûre, IRM dans 15 jours, RDV avec chirurgien....